Le Parti socialiste (PS) creuse un peu plus sa fosse. Les Français pensaient qu’il avait touché le fond mais il réserve encore quelques surprises. Tour d’horizon d’un parti politique à l’agonie.
Anne Hidalgo fossoyeur du parti politique à la rose ? La maire de Paris, candidate à l’élection présidentielle, n’arrive pas à susciter l’intérêt des électeurs. Donnée autour de 3 % dans les sondages, elle parvient à faire potentiellement plus de 2 fois moins que les 6,36 % de Benoît Hamon en 2017. Une campagne mal embarquée et plombée par le résultat de la primaire populaire qui a consacré dimanche dernier la candidature de l’ancienne Garde des Sceaux du gouvernement Hollande, Christiane Taubira. La maire de Paris avait refusé de participer, avant d’accepter, puis de refuser à nouveau. Bref, elle a finalement fini en 5e position derrière le transparent Pierre Larrouturou, un ancien membre du Parti socialiste. Cette antépénultième place présente le niveau d’intérêt de la gauche pour la candidature de l’édile parisienne, car si cette primaire avait de gros défauts, elle permet aussi de prendre la température en matière d’impopularité.
Mais les malheurs du Parti socialiste tirent leur origine an amont de cette primaire presque audacieuse. Outre le quinquennat compliqué de François Hollande, puis la captation macroniste et une large partie du personnel politique socialiste, le parti de gauche – du moins ce qu’il en reste – semble surtout connaître une crise d’identité et d’idées. La victoire de François Hollande en 2012 s’était essentiellement cristallisé sur le rejet de Nicolas Sarkozy. Et le défaut de personnalité et de vision semble être à l’origine du retrait progressif du parti, tout au moins à l’échelle nationale.
Sur les ruines de 2017, Olivier Faure n’est pas parvenu à trouver un nouveau souffle en dépit d’un ancrage local qui ne se dément pas; à considérer que le PS gère encore la moitié des régions métropolitaines. L’actuel « patron » du parti n’entretient pas vraiment de bons rapports avec la maire de la Capitale, qui craint que celui-ci l’abandonne à son naufrage présidentielle. Il lui reproche – à juste titre – de n’écouter qu’elle, considérant ses revirements permanents – notamment vis-à-vis de la primaire populaire – comme des caprices. Mais M. Faure n’a pas non plus apprécié le choix de la candidate d’introduire dans son équipe de campagne le courant minoritaire du Parti socialiste tenu par Hélène Geoffroy, sa concurrente directe lors du 79e congrès consacré en septembre 2021; colloque soutenu par une branche de la vieille garde, dans laquelle figure l’influent maire de Dijon, François Rebsamen. Le maire, comme beaucoup d’élus socialistes, ne soutient pas Anne Hidalgo. D’ailleurs, en Bourgogne Franche-Comté, la présidente socialiste de la région non plus. Elle soutient Christiane Taubira.
La primaire socialiste d’octobre avait pourtant mis Anne Hidalgo en selle avec plus de 70 % des suffrages contre moins de 30 % pour son concurrent Stéphane Le Foll, qui a d’ailleurs décidé de ne pas faire campagne avec elle, on peut le comprendre. Un score d’apparence flatteur à cela près que le scrutin avait rassemblé un peu moins de 21 000 votants. A cette désertion militante s’ajoute une division au niveau des cadres, à l’image du numéro 2 du parti de gauche, Corinne Narassiguin, qui affirmait sous un minois candide qu’il devait y avoir un dialogue avec Christiane Taubira (rires).
L’appareil politique n’est donc pas du tout mobilisé derrière l’Ân(n)e de Paris. Un véritable défaut quand on sait l’implantation encore forte du PS dans toute la France. Et si la greffe Hidalgo ne prend pas, c’est également une question de personnalité. Si la bonhomie de François Hollande, son sens de l’humour et sa capacité à faire des compromis en permanence lui avait permis de dompter une formation politique qu’il avait lui-même dirigé, Mme Hidalgo, elle, traîne sa gestion calamiteuse de « Paname » avec une nullité crasse en matière de communication. Ses interventions récurrentes inquiètent même son entourage. Il faut dire que sa suffisance voire son mépris affiché empêche de susciter la sympathie des électeurs.
Investie idiotement par les instances du parti, Anne Hidalgo ne devrait donc pas pouvoir quitter la campagne à l’initiative de son propre parti, mais ce serait plutôt un choix personnel qui la sortirait de la course. L’absence de candidature du PS serait une première depuis sa fondation en 1969 à Alfortville. Il reste à présent aux socialistes d’établir le choix du moins pire: être absent du « scrutin Roi » de la vie politique française pour la première fois ou réaliser un score minable de 2 à 3 % maximum avec les conséquences notamment financières que cela impliquent. L’emmerdant c’est la rose, croyez-moi.