Les négociations annuelles entre les industriels et la grande distribution viennent de prendre fin. Une hausse moyenne de 10 % a été convenue et s’ajoutera donc aux 15 % déjà constatés sur l’alimentaire, selon Michel-Edouard Leclerc.

C’était un enjeu de taille pour la grande distribution : contenir l’inflation lors de ses négociations annuelles avec les industriels pour éviter la perspective d’un mois de mars rouge. « On a bien travaillé, (…) on est fiers de notre job de négociations », a assuré Michel-Edouard Leclerc ce vendredi matin au micro de Franceinfo.
Selon le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, les prix dans les grandes surfaces subiront une augmentation moyenne « de 15 à 25 % ». S’agissant de l’alimentaire, ils atteindront les 25 % de hausse totale avec « 10 % qui vont se rajouter aux 15 % » d’inflation déjà constatée. « (Les industriels) ont fait un effort », a concédé Michel-Edouard Leclerc, en rappelant que cette hausse de 10 % reste « une moyenne ».
Mais cette inflation galopante ne va pas se refléter d’un seul coup dans les magasins. « On ne va pas répercuter comme un mur l’ensemble de ces hausses », a affirmé le fils du fondateur de l’enseigne E.Leclerc, qui prédit une compétition entre distributeurs pour ralentir les prix jusqu’en juillet. « On va jouer à la tortue », a-t-il insisté.
Interrogé sur les marges du groupe, il l’assure, E.Leclerc est une coopérative et celles-ci sont donc maintenues à 2,4 %. « 25 % des bénéfices avant impôt vont au personnel sous forme d’intéressement et de participation », s’est défendu Michel-Edouard Leclerc. Questionné par ailleurs sur ses revenus, il a préféré dévoiler qu’il payait 29 000 euros d’impôts sur la fortune immobilière (IFI) et 300 000 euros d’impôts sur le revenu.
Du carburant à prix coûtant
Pour faire face à une hausse graduelle des prix dans ses magasins, Michel-Edouard Leclerc a annoncé renouveler l’opération de vente de carburant à prix coûtant dans ses stations-service, évoquant « 5 à 6 centimes d’efforts ».
Opération carburant à prix coûtant tout le week-end chez @Leclerc ! A partir d’aujourd’hui pour les retours de vacances, et avant les grèves car les dépôts pétroliers pourraient être bloqués. https://t.co/5wwuLI9anK
— Michel-Edouard Leclerc (@Leclerc_MEL) March 3, 2023
Face à la hausse des prix et la mesure de TotalEnergies de plafonner ses tarifs à 1,99 euro les litres, il le martèle, il préfère s’engager « sur le meilleur prix, c’est mieux qu’un prix plafond », en rappelant que le carburant est en moyenne 12 centimes plus bas dans ses stations et celles de son concurrent Système U que chez le géant des hydrocarbures. « Si Total me garantit qu’il va me faire cette ristourne, je m’engage à la retourner intégralement au consommateur », a poursuivi le président du comité stratégique des centres E.Leclerc.
Ce dernier a toutefois balayé d’un revers de la main le panier anti-inflation suggéré par le gouvernement. « Il y a 64 000 articles vendus dans un hypermarché, ces efforts-là ne peuvent pas être réduits à un panier », précise-t-il, en disant par exemple pouvoir « faire des promis sur des articles qui ont beaucoup trop augmenté comme les couches par exemple ».
Selon Michel-Edouard Leclerc, l’inflation devrait se tasser à l’été, après un pic en « avril, mai, juin ». « Tous les marchés des matières premières sont en train de se retourner, on va exiger des baisses aux industriels », a-t-il prévenu, en annonçant qu’il demandera à Emmanuel Macron de convoquer à nouveau ces derniers pour peser sur les prix.