Dans les secteurs du transport et de l’énergie, en pointe de la contestation du projet de réforme des retraites, plusieurs responsables syndicaux s’inquiètent de possibles débordements de salariés, après la décision du gouvernement de recourir à l’article 49.3.

Je ne vois pas quelque chose de fort et dur, ça va être quelque chose de larvé, des actions par-ci par-là, avec des risques de débordement. Ça risque de tourner au n’importe quoi », a ainsi déclaré Jean-Christophe Delprat, secrétaire fédéral FO chargé de la RATP.
Pour Frédéric Ben, chargé du gaz à la CGT Énergie, qui coordonne depuis de nombreux jours la grève sur l’ensemble des stockages de gaz de Storengy, « une certaine insurrection est possible ». « On combat la radicalisation des mouvements, (…) mais sur un piquet de grève, il n’y a pas que des (grévistes) CGT, et les agents, ils font ce qu’ils veulent ».
Le déclenchement par le gouvernement du 49.3 pour faire adopter sa réforme pourrait pousser « à des actions plus dures, plus graves, plus lourdes, qui ne sont pas forcément dans nos décisions collectives », abonde Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT Énergie. « Individuellement, chaque électricien, chaque gazier est capable de faire des choses qui peuvent être très lourdes. Et ce n’est pas non plus notre but, les usagers sont avec nous, pas contre nous », souligne-t-il.
La guerre sociale est déclarée
Concernant les modalités qu’ils souhaitent proposer à leurs bases pour la suite du mouvement, les syndicats Sud-Rail, Unsa Ferroviaire, CGT Cheminots et FO RATP renvoient aux annonces de l’intersyndicale et à des réunions prévues vendredi. Idem pour CGT Énergie, qui doit réunir les secrétaires généraux de ses différents syndicats vendredi après-midi.
En revanche, si la stratégie reste à définir, la poursuite de la grève est d’ores et déjà actée. « Beaucoup » de piquets de grève « ont de toute manière déjà acté la reconduction jusqu’à la semaine prochaine », selon Fabrice Coudour. « C’est une déclaration de guerre sociale. Plus rien ne doit rouler ! », a tweeté de son côté la section Sud-Rail des directions centrales de la SNCF. « L’attitude du gouvernement vient renforcer notre conviction que seule la lutte paie. Il faut donc renforcer l’action en cours et maintenir la pression en s’engageant plus fortement dans la grève et les manifestations », a réagi la CGT Cheminots dans un tract.