Les nuits de heurts se répètent dans le pays, entre manifestants et forces de l’ordre. Les méthodes de ces dernières font l’objet de vives critiques d’associations, responsables politiques, entre brutalités et gardes à vue injustifiées.

De nouveaux rassemblements ont été organisés contre la réforme des retraites dans plusieurs grandes villes françaises, théâtre pour certaines d’entre elles dont Paris, de tensions entre forces de l’ordre, manifestants et fauteurs de troubles.
Mardi, la Défenseure des droits, qui se dit « préoccupée » et « inquiète », a alerté sur les conséquences d’interpellations préventives synonymes de privation de liberté et rappelé les règles de déontologie dans le maintien de l’ordre, lors des manifestations.
Le président des députés socialistes Boris Vallaud, s’est ému des images qui pullulent en ligne, montrant les violences :
« J’ai vu un certain nombre d’opérations de maintien de l’ordre pour le moins brutale. Je vois la doctrine du préfet Lallement reprendre du service, je m’en inquiète. » @BorisVallaud pic.twitter.com/uk7jRbQBYX
— Députés Socialistes et apparentés (@socialistesAN) March 22, 2023
« Le respect de l’ordre public vaut pour tout le monde, pour les manifestants comme les policiers. J’ai vu un certain nombre d’opérations de maintien de l’ordre pour le moins brutale. Je vois la doctrine du préfet Lallement reprendre du service, je m’en inquiète. Il n’y a pas d’ordre sans justice », a-t-il commenté à l’antenne de Public Sénat, ce mercredi.
Un précédent nommé « Gilets jaunes »
A droite, le président du groupe LR déplore « une radicalisation dans le pays à laquelle les policiers doivent faire face ». « Pour l’instant, je n’ai pas vu de fait », affirme-t-il. Pour autant, «il faut faire attention aux techniques de maintien de l’ordre employées ». « Il faut être très vigilant. J’ai été de ceux qui ont émis un gros doute sur la façon dont l’ordre était maintenu lors de la crise des gilets jaunes. Les forces de l’ordre ne doivent pas être au contact. Elles sont là pour maintenir l’ordre, pas là pour aller au contact », juge-t-il.
Du côté de la Défenseure des droits, Claire Hédon « alerte sur les conséquences d’interpellations qui seraient préventives de personnes aux abords des manifestations (…) Cette pratique peut induire un risque de recourir à des mesures privatives de liberté de manière disproportionnée et de favoriser les tensions ». Elle se dit « préoccupée par les vidéos circulant sur les réseaux sociaux, de nombreux articles (…), témoignages et saisines reçus par l’institution sur de possibles manquements déontologiques dans le maintien de l’ordre au cours des évènements des jours derniers ». Claire Hédon souligne « que le respect des règles de déontologie est essentiel pour apaiser les tensions et favoriser la confiance entre la police et la population ».
Selon une source policière, 287 personnes, dont 234 à Paris, ont été interpellées lundi soir en France Selon le dernier bilan consolidé du parquet de Paris, 425 personnes ont été placées en garde à vue lors des trois premières soirées de manifestations spontanées, de jeudi à samedi, et seules 52 ont fait l’objet de poursuites à l’issue.
« Il n’y a pas d’interpellations injustifiées, je ne peux pas laisser dire ça », a déclaré le préfet de police Laurent Nuñez mardi sur BFMTV, alors que syndicats d’avocats, de magistrats et des politiques de gauche avaient dénoncé des gardes à vue « arbitraires ».
Les ados autrichiens en voyage scolaire finissent au poste
Le journal Le Monde a pour sa part publié un article relatant des interpellations diverses effectuées la nuit du jeudi 16 mars, après les heurts place de la Concorde. Parmi les gardés à vue pendant plusieurs heures figuraient touristes, étudiants ou encore photographes amateurs. Libération a par ailleurs rapporté le sort de deux Autrichiens de 15 ans embarqués au commissariat, puis libérés après intervention de l’ambassade d’Autriche.
« La Défenseure des droits, inquiète des témoignages dont elle est destinataire, restera vigilante quant à la bonne application des règles de déontologie par les forces de sécurité », assure Claire Hédon, « compétente pour traiter toute réclamation relative à de possibles manquements dans le cadre du maintien de l’ordre, qu’elle émane de victimes ou de témoins ».