A l’inverse de nombreux commentateurs, la bande à Macron a finalement décidé de ne pas reconfiner la France, en tout cas pour le moment. Une décision lourde de sens, tant sur la situation de l’épidémie que sur les craintes du gouvernement. [Décryptage]
Gagner du temps et faire baisser la colère populaire d’un ton ? Voilà en somme les objectifs de l’appareil d’Etat. Selon Gabriel Attal, le toutou porte-parole, le moindre jour de confinement que l’on peut éviter aux français, il faut qu’on le prenne. Une déclaration visant à prouver la bonne volonté de l’exécutif. En effet après avoir laissé monter la mayonnaise toute la semaine dernière, favorisant ainsi les prises de parole alarmistes, laissant attendre un nouveau confinement, Macron apparaît ainsi comme le plus compréhensif du gouvernement. Si l’on en croit les commentaires, il aurait personnellement décidé de ne pas assigner une nouvelle fois les Français à résidence. Une décision stratégique qui permet de commencer à regarder vers la présidentielle, mais pas seulement. Le gouvernement sentait bien depuis quelques temps que les Français doutaient de plus en plus de l’efficacité des mesures en place. Une remise en cause d’autant plus importante quand elle s’applique aux restrictions les plus strictes. De même, les chiffres présentés comme inquiétants toute la semaine dernière ne suffisaient pas à marquer les esprits, et pour cause, au printemps dernier l’argument phare pour justifier le confinement était d’éviter la saturation des soins intensifs. Des services qui ont été étendus brièvement avant de refermer des lits comme la politique irréelle de Santé Publique France le préconise depuis plusieurs décennies. Seul hic, ces services étaient embolisés après 7.000 malades, alors même que nous n’en avons pas atteint la moitié, avec ces quelques jours à moins de 3.250 patients en réanimation. L’exécutif a ensuite utilisé d’autres indicateurs pour avancer vers le confinement. Le nombre de cas positifs, puis les hospitalisations. Mais pour une partie des Français, ces arguments ne fonctionnent plus. Pour la partie la plus inquiète toutefois les chiffres publiés en fin de semaine auront servi de méthode Coué distillée par les journaux, oubliant de préciser que les chiffres du weekend sont fréquemment plus bas en raison d’un problème de transmission des données.
La prise de parole presque improvisée de Castex vendredi dernier visait donc à calmer la défiance en distillant quelques mesures comme la fermeture des centres commerciaux non alimentaire de plus de 20.000 m2, ou les contrôles aux frontières qu’une partie de l’opposition réclamait en vain depuis la médiatisation autour du célèbre variant anglais ; un virus britannique d’ailleurs devenu premier outil de dramatisation et ce alors même que l’obsession sans frontiériste de la macronie l’a laissé douillettement s’installer sur notre territoire.
Tout porte à croire que si l’exécutif a revu son plan, le confinement n°3 n’est pas pour autant abandonné : parmi les probabilités, l’envie du gouvernement de le faire plus ou moins coïncider avec les vacances scolaires qui débuteront mi-février. Des vacances dont l’extension dans le temps a d’ailleurs été envisagée. Et si le troisième confinement strict a pour le moment été évité, Castex a annoncé un durcissement du couvre-feu, c’est-à-dire des contrôles et donc des sanctions. Il n’aura pas fallu longtemps pour s’en rendre compte samedi dernier. La France a recensé 6.000 verbalisations pour 65.000 contrôles environ. Dimanche, la cadence a été multipliée au point de perturber considérablement la circulation automobile. De nombreux péages autoroutiers avaient également restreint les guichets. Une situation dénoncée par de nombreux automobilistes qui voyaient dans l’opération un moyen de ralentir le trafic pour dépasser les 18h fatidiques et multiplier les contraventions. Un point de vue que d’aucuns jugeront sans doute complotiste. Quoi qu’il en soit dimanche soir plus de 400 km de bouchons ont été identifiés, soit le quadruple du temps normal, et complotiste ou pas, le mot d’ordre était tolérance zéro. Le ministre de l’Intérieur Gerald Darmanin a d’ailleurs tenu à faire le déplacement pour la photo. Il s’est en effet rendu au péage de Buchelay dans les Yvelines sur l’A13 pour assister au contrôle des automobilistes qui avaient eu l’outrecuidance d’aller jusqu’en Normandie. L’occasion pour le locataire de la Place Beauvau d’annoncer au moins 30 % de contrôles en plus. Une opération lucrative pour les caisses de l’État en banqueroute, qui aura également eu le mérite d’être observée par les restaurateurs, qui auraient souhaité, eux, braver les interdits et ouvrir leur portes le 1er février.