Le président de la République est officiellement candidat à la présidentielle 2022. Son clip de lancement en dit long sur la suite de la campagne. Un chef d’Etat boursouflé d’égocentrisme, centralisateur, et avide de toujours plus de pouvoir. [décryptage]
Macron, l’hyper président ?! Le surnom n’était pas pour lui, mais il lui va comme un gant. Entré officiellement en campagne au dernier moment, Emmanuel Macron a publié une vidéo ahurissante dont la mise en scène à la sauce Netflix n’a d’égal que son autolâtrie.
On y voit le président à l’Élysée avec son fidèle toutou Nemo, les cheveux vaguement grisonnants – mais pas trop quand même hein – pour montrer qu’il a pris de la bouteille, mais « en même temps » qu’il reste dynamique.
Un contenu vidéo tout en communication marketing symboliquement ficelé avec une incantation qui jalonne cette intervention nourrit de répétition du terme humilité:
[…] je voulais aussi euh… avec beaucoup d’humilité de lucidité […] avec beaucoup, à la fois de patience et d’humilité et en même temps d’enthousiasme d’expliquer à nos compatriotes […] ensuite en étant très humble, parce que je sais que rien n’est écrit.
Un président sortant en toute humilité, donc etune voix off qui lui sert de faire valoir l’interroge et le président joue la comédie de la spontanéité:
- Voix off: Est-ce que ce n’est pas un peu plié ?
- E.M.: Non, pas du tout. Alors ça, détrompez-vous complètement. Nous sommes un peuple très politique. Les Françaises et les Français sentent tout. Et ils ne donnent pas leur confiance comme ça. Et donc si à chaque seconde on considère que la confiance est acquise et qu’on n’a pas à se remettre en cause et aller la chercher, la solliciter…
- Voix off: J’ai une dernière question M. le président, est-ce que dorénavant je peux vous appeler Monsieur le candidat ?
- E.M.: Oui, bien sûr. Vous êtes là pour Le Candidat. Donc appelez-moi M. le candidat, il n’y aucun problème.
Retrouvez le premier épisode du Candidat ici : https://t.co/XP12NKb9A8
— Emmanuel Macron avec vous (@avecvous) March 6, 2022
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Si cette fausse spontanéité n’étonne plus personne, Emmanuel Macron a aussi et surtout défendu son bilan et ce devrait être à l’un des axes majeurs de sa campagne « publicitaire »:
[…] et puis parfois j’ai pas réussi à aller au bout, parce qu’il y eu l’épidémie, parce qu’il y a eu des crises. Mais, sur les choses où je me suis beaucoup engagé, où j’ai mis beaucoup d’énergie, les résultats sont là. Malgré le covid, malgré le contexte géopolitique, le taux de chômage est le plus bas depuis 15 ans, le taux de chômage des jeunes est le plus bas depuis 40 ans.
Le nombre de nos compatriotes qui sont dans le marché du travail est le plus haut depuis qu’on l’enregistre. On n’a jamais eu autant de d’apprentis dans notre pays, plus de 700 000, malgré la crise. Donc on voit bien que quand on bouge les choses, quand on fait les réformes, quand on arrive à convaincre tout le monde, quand on change un peu les mentalités, on arrive à embarquer.
Vous l’aurez compris, l’autosatisfaction confine à l’égocentrisme maladif à l’heure où il est de bon ton de critiquer la présidence Poutine et la concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul homme. Le Candidat Macron sous couvert d’un lexique habilement travailler est construit de collectif ensemble et autres participatifs, masque une personnalisation du pouvoir et une centralisation de la prise de décision et de l’élaboration de la loi inédite sous la Ve République.
Une façon de gouverner qui ne passe pas auprès de certains parlementaires qui ne se représenteront pas, lassés de n’être que des sbires au service de l’exécutif. C’est le cas notamment d’Annie Chapelier, députée de la 4e circonscription du Gard. Une trentaine de députés de la majorité suivraient ses pas. Une tendance inquiétante qui confirme ce que beaucoup pointent du doigt depuis le début du quinquennat avec une petite cour qui fait bloc autour du Calife.
Lundi, Emmanuel Macron a fait son premier numéro de séduction en déplacement de campagne à Poissy (Yvelines). Un début conforté par des sondages au beau fixe, mais aussi par la décomposition progressive de la candidature de Valérie Pécresse. Après avoir débauché nombre d’anciens députés PS (Parti Socialiste, NdlR) lors du scrutin, le président vise aujourd’hui d’élargir encore plus son centre et entend profiter de l’effondrement des Républicains (LR) pour y parvenir.