Après la ministre des Armées, la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher a fustigé lundi 26 avril la tribune – saluée par Marine Le Pen – dans laquelle des militaires retraités évoquent un « délitement » de la France et se disent « prêts à soutenir » les responsables politiques défendant « la nation ».
Agnès Pannier-Runacher a « condamn(é) sans réserve cette tribune d’un quarteron de généraux en charentaises qui appelle au soulèvement ». « Soixante ans jour pour jour après le putsch des généraux contre le général de Gaulle , tout cela n’est pas gratuit (…) Le masque tombe, le vernis craque, Marine Le Pen c’est l’extrême droite et c’est très exactement le même schéma qu’il y a 60 ans », a-t-elle estimé sur franceinfo. Le texte publié mercredi par Valeurs Actuelles, lancé par l’ancien officier Jean-Pierre Fabre-Bernadac et signé par « une vingtaine de généraux, une centaine de hauts gradés et plus d’un millier d’autres militaires » selon l’hebdomadaire, appelle Macron à défendre le patriotisme. Les militaires y disent aussi être « disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation ».
Deux jours plus tard, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, disant « souscri(re) à (leurs) analyses et partage(r) (leur) affliction », les avait invités dans un texte paru également dans Valeurs Actuelles à « (se) joindre » à l' »action » du parti « pour prendre part à la bataille qui s’ouvre (…) qui est avant tout la bataille de la France ».
Un texte vraiment « irresponsable » ?
Le numéro deux du RN, Jordan Bardella, a assuré lundi sur Cnews que Mme Le Pen n’avait pas sollicité cette tribune et a dénoncé la réaction d’un gouvernement qui « passe son temps à accuser les uns et les autres de récupération, de politisation, souvent pour se dédouaner de sa propre responsabilité » dans le fait que « la paix civile est aujourd’hui menacée dans un certain nombre de quartiers ». Florence Parly avait fustigé dimanche un texte « irresponsable », alors que « les armées ne sont pas là pour faire campagne mais pour défendre la France ».
Le « constat » dressé par ces militaires n’est « rien d’autre que ce que dit le général (Pierre) de Villiers », l’ancien chef d’État-major des armées qui avait démissionné en juillet 2017, ou l’ex-ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, défend pour sa part Jordan Bardella. À droite, seul le député LR Guillaume Larrivé a réagi, jugeant que cet « appel grandiloquent » de Marine Le Pen « démontre, une nouvelle fois, son incapacité à diriger l’État et à commander les armées de la République française » : « Un chef de parti démocratique ne saurait appeler des militaires à s’engager dans un combat politique ». À gauche, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon avait critiqué samedi cette « stupéfiante déclaration », et le fondateur de Générations Benoît Hamon l’absence de réaction du Premier ministre Jean Castex et Macron…