Des blizzards, des rafales glaciales, des températures polaires qui atteignent jusqu’à -50 °C à certains endroits des Etats-Unis… Qualifiée de « bombe cyclonique », la tempête Elliott a semé le chaos en un temps record piégeant une grande partie de la population américaine.

Cette tempête hivernale est incontestablement l’une des plus impressionnantes qui a frappé l’Amérique du Nord depuis plusieurs décennies. Bien que ce continent soit habitué à de tels phénomènes météorologiques, Elliott se différencie des autres tempêtes par sa rapidité et par son intensité.
Ces masses d’air extrêmement froides, qui viennent de l’Arctique, survolent des zones de terre. Donc, elles n’ont pas l’occasion vraiment de se réchauffer au-dessus de grandes masses maritimes comme un océan ou comme la mer du Nord. C’est vraiment de l’air froid d’origine polaire qui arrive directement sur ces terres, en plus sous un flux très dynamique,
explique Pascal Mormal, météorologue.
Ce sont des vents très violents, ce qui fait aussi que le froid ressenti avec l’effet éolien est encore plus important que les températures mesurées. Ici on parle de températures de -30, voire -40 degrés qui sont mesurées sous abri.
Le météorologue poursuit : « L’effet éolien peut rendre ce ressenti encore bien plus intense, c’est-à-dire des températures qui peuvent être ressenties jusqu’à moins 50-60 °C. Ce sont des conditions évidemment extrêmement dangereuses pour la population. C’est une configuration qu’on rencontre assez régulièrement dans cette région du monde, même si les températures sont dans ce cas exceptionnellement basses. »
Des milliers de vols annulés ou retardés, des routes impraticables, des coupures d’électricité… la tempête hivernale a paralysé un large territoire par d’abondantes chutes de neige et des rafales glaciales.
Reporter du moment dans la tempête https://t.co/ZCzdjRUUR5
— LAURENCE HAIM (@lauhaim) December 25, 2022
Pascal Mormal analyse pourquoi les précipitations neigeuses sont si importantes : « Ces masses d’air d’Arctique passent au-dessus des Grands Lacs. Ces zones humides provoquent et favorisent un phénomène d’instabilité qui va permettre à cet air froid de provoquer des chutes de neige. Les Grands Lacs ont un effet de générateur à précipitations. Dans la mesure où ce n’est pas une superficie longue de plusieurs milliers de kilomètres, ils ne vont pas suffisamment être grands que pour permettre à la température de se radoucir. On a donc un effet pervers doublé. Car on garde les températures très froides, mais on gagne en précipitations neigeuses importantes. »
Un autre élément qui favorise actuellement cette descente d’air glacial, c’est une petite dépression centrée sur le nord-est du Pacifique. Elle favorise une remontée d’air chaud dans cette région. Cette remontée d’air agit un peu comme une sorte de booster qui va amplifier par effet de compensation une descente de l’air arctique sur une grande partie de l’est des États-Unis.
Le météorologue précise que « Le problème des États-Unis, c’est une zone de conflit de masses d’air. Il y a l’air arctique ou polaire qui descend, et de l’air tropical qui remonte du Golfe du Mexique. On peut avoir à n’importe quelle période de l’année dans cette région du globe une confrontation entre ces deux titans. Ce sont des configurations qui surviennent plutôt dans la saison printanière ou estivale et qui provoquent chaque année des tornades. »
Force est de constater que ce phénomène météorologique est assez fréquent dans cette région du monde. Mais c’est bien la vitesse brutale, à laquelle les températures ont chuté, qui en fait une tempête hivernale presque inquiétante. À noter que les météorologues affirment qu’il serait très imprudent de lier cette tempête au réchauffement climatique.