Emmanuel Macron agite le chiffon rouge comme s’il ne se passait rien. Une attitude puérile, voire capricieuse, d’un chef d’Etat qui refuse de reconnaître son échec et les violences liées au passage en force de l’article 49.3, mettant en danger un pays plus divisé que jamais.

Alors que la mobilisation contre la réforme des retraites ne faiblit pas et que le pays traverse un épisode de violence ascendant, les réactions du chef de l’Etat sont particulièrement osées.
A quelques heures du débat à l’Assemblée nationale des deux motions de censure visant le gouvernement d’Elisabeth Borne, la position de Macron a été précisée dans un message qui a couru dans la presse et les réseaux sociaux :
Après des mois de concertations politique et sociale et plus de 170 heures de débat qui ont abouti sur le vote d’un texte de compromis entre le Sénat et l’Assemblée nationale, le président de la République a exprimé aux deux présidents [du Sénat et de l’Assemblée, ndlr] son souhait que le texte sur les retraites puisse aller au bout de son cheminement démocratique dans le respect de tous
a indiqué l’Elysée.
Macron a assuré dimanche soir de « la mobilisation du gouvernement pour que tout soit mis en œuvre » afin de « protéger » les parlementaires menacés par des opposants à la réforme des retraites, a précisé l’Elysée.
Dans la même veine, la cheffe de file de la majorité, la bien nommée « girouette » Aurore Bergé, a demandé au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de mettre les parlementaires sous protection. Une demande coûteuse et inutile s’il en est, qui devrait accroître le sentiment que les élus sont déconnectés de la réalité, alors que bon nombre de français sont quotidiennement victimes de l’insécurité, la vraie.
Cette manœuvre politique n’est cependant pas absurde. Macron profite déjà des débordements ici et là. En cas de dissolution il pourra se placer en recours, en partie, de l’ordre face à ce qu’il appelle « les extrêmes » NUPES et RN. Il pourra même, en cas d’intensification des manifestations sauvages et de quelques actes de violences bien récupérés, voire bien orchestrés, envisager un pacte de gouvernement avec Les Républicains. Notamment avec Eric Ciotti, son valet vendu à la « cause ».
Si nous sommes encore loin de ce scenario, il faut toutefois avoir à l’esprit que le petit chaos envisagé sous la grosse loupe médiatique, et qui ne touche pas encore les institutions républicaines, profite au président. Oui, le 49.3 agite donc la rue. Il agitera aussi l’Assemblée nationale cet après-midi. La belle affaire.
Les pressions sur les députés macronistes ou LR se multiplieront certainement dans les prochains jours, avec de nombreuses permanences parlementaires cibles de tags et d’inscriptions vengeresses : « La motion ou le pavé ».
La Première ministre a engagé jeudi 16 mars l’arme constitutionnelle du 49.3 pour faire adopter la réforme sans vote, après la décision du déclenchement prise avec Macron. Deux motions de censure, l’une transpartisane du groupe Liot et l’autre du RN, seront débattues ce lundi 20 mars à l’Assemblée nationale et mises au vote. La barre de la majorité absolue pour faire chuter le gouvernement paraît difficile à atteindre.
Le rejet des motions vaudra adoption définitive de la réforme par le Parlement. Des recours au Conseil constitutionnel ont déjà été annoncés par la gauche. Quant à la rue, elle ne devrait plus répondre de rien.