Un biopic sportif, un drame sur le consentement, un splendide portrait de femme… Découvrez notre sélection cinéma.
La Méthode Williams, un biopic sportif de Reinaldo Marcus Green (2h18) – Le paradoxe a la vie dure. Le sport et le cinéma ont beau représenter les deux divertissements les plus populaires au monde, leur rencontre fait rarement des étincelles au box-office. À l’exception de la boxe (Raging Bull, Rocky et autre Creed), noble art prisé des cinéphiles, les autres disciplines passées au filtre de la fiction n’attirent pas les foules dans les salles. Il faut dire qu’elles ne sont pas toujours bien traitées. La petite balle jaune rebondit cette fois avec La Méthode Williams, de Reinaldo Marcus Green. Pas tout à fait un biopic mais un portrait de Richard Williams, le père des championnes de tennis Venus et Serena Williams. Elles ne sont encore que deux gamines de Compton, le ghetto noir de Los Angeles, quand s’ouvre le récit. Mais leur géniteur a tout prévu. Il a rédigé un plan de carrière de 78 pages pour ses filles, avant leur naissance. Dans le costume de Richard (short moulant de coach de tennis), Will Smith trouve son meilleur rôle depuis Ali, et devrait décrocher une nomination à l’Oscar. Il restitue l’ambiguïté de ce personnage controversé, patriarche à la fois tyrannique et sacrificiel, visionnaire et roublard, sévère et aimant, insupportable et attachant.
Les Choses humaines, un drame d’Yvan Attal (2h18) – Être un homme, signer un film explorant le sujet du consentement, y faire participer sa famille. En transposant le roman à succès de Karine Tuil Les Choses humaines avec, dans le rôle phare d’un rejeton de l’intelligentsia parisienne accusé de viol, son fils débutant Ben Attal, Yvan Attal prend des risques. Son fils joue Alexandre Friel. Promis à un avenir brillant, il termine des études à Stanford. Il fait la fierté de sa mère Claire (Charlotte Gainsbourg), essayiste féministe, et de son père Jean (Pierre Arditi), journaliste politique coureur de jupons qui s’accroche à son siège de présentateur. Cette façade se lézarde bientôt. Ben Attal fait cohabiter à merveille la gaucherie et l’arrogance de son personnage qui n’a jamais pensé à remettre en cause son rapport au désir et aux femmes. En avocat des Friel, Benjamin Lavernhe, d’une patience infinie en garde à vue et d’une humilité magistrale en plaidoirie, maintient la tension pendant tout l’acte judiciaire. Dans son sillage, Les Choses humaines hante longtemps l’esprit.
Au commencement, un drame de Dea Kulumbegashvili (2h05) – Dans un village isolé de Géorgie, un prêtre disserte sur le sacrifice d’Abraham. Au fond de ce baraquement servant d’église, la caméra fixe transforme le spectateur en observateur. Un projecteur égrène des images de tableaux sacrificiels. L’atmosphère est recueillie, et l’appareil installe une atmosphère qui oscille entre la lumière et l’obscurité. Comme si le bien valsait avec le mal. Le missionnaire des Témoins de Jéhovah n’aura pas le temps d’achever son sermon. La réalisatrice de 34 ans met constamment le spectateur au défi de se confronter au drame qui couve. Un premier film terriblement réussi.