Plusieurs milliers de magistrats, d’avocats et de greffiers vont manifester ce mercredi aux alentours de midi partout en France pour réclamer plus de moyens financiers au gouvernement. Alors qu’il voyait Éric Dupont-Moretti capable de pouvoir éviter une telle manifestation, Macron craint une récupération politique, avant la présidentielle.
Ils vont battre le pavé pour réclamer plus de moyens au gouvernement pour la justice. Plusieurs milliers de magistrats, d’avocats et de greffiers descendent dans la rue et devant les tribunaux ce mercredi aux alentours de midi, partout en France. Une manifestation qui tombe au mauvais moment pour le président Macron, dont une interview enregistrée de deux heures doit être diffusée sur TF1 mercredi soir. En nommant Éric Dupont-Moretti au ministère de la Justice, le chef de l’État savait que sa relation avec les magistrats serait difficile, mais il voyait l’ancien avocat pénaliste comme l’homme de la situation pour panser les plaies de la justice.
Au-delà de sa posture, la difficulté pour l’ancien avocat est qu’il s’est battu pour obtenir une maigre augmentation de 8% du budget de la justice. Le ministre est en train d’organiser des États généraux pour précisément, afficher une réponse à la colère. Mais l’évidence est là : face à la grogne de la moitié des magistrats, le compte n’y est pas. Les juges demandent plus de moyens, déplorent une forte augmentation de leur charge de travail, sans compensation à la hauteur de l’effort. Pour beaucoup d’entre eux, la contractualisation d’un certain nombre de postes n’est pas non plus la bonne réponse.
Alors que la campagne présidentielle bat son plein, tout l’enjeu politique maintenant pour le gouvernement est d’éviter que la manifestation des magistrats, des avocats et des greffiers ne soit récupérée par la droite ou la gauche. Aussi, que cette vague de protestation ne prenne de l’ampleur dans le temps et qu’elle se transforme en crise, même si la réponse prend trop de temps :
Nous pouvions espérer que le ministre de la Justice aurait pris, à la seule vue du nombre de signataires de notre Tribune, la mesure exacte de la crise sans précédent traversée par notre institution et de l’urgence à y apporter des solutions à la hauteur des enjeux,
souligne le Syndicat Unité Magistrats SNM FO, et ajoute :
Il n’en a rien été malgré les engagements formels pris en ce sens par le DSJ en son nom et au nom du Garde des Sceaux, lors du Comité Technique des Services Judiciaires (CTSJ) du 25 novembre 2021. Une fois encore, Eric Dupond-Moretti s’imagine pouvoir diriger le ministère de la Justice en feignant d’ignorer l’existence des organisations syndicales représentatives en croyant habile d’essayer de dresser les uns contre les autres, les magistrats, les fonctionnaires et la hiérarchie. « Diviser pour régner ».
Selon nos sources Macron suit de très près le dossier et a demandé au ministre de la Justice de tout faire pour le régler au plus vite. Pas sûr.