Tiers-monde ? C’est l’expression qui vient à l’esprit en lisant le rapport fourni par le Haut-Commissaire au Plan François Bayrou. Industrie démantelée, balance commerciale catastrophique… La situation économique française est accablante. [Décryptage]
Dans de nombreux secteurs d’activités, la France possède désormais une économie digne de pays sous-développés. La déclaration ne vient pas de l’opposition mais du fidèle soutien de Macron, François Bayrou. En effet, celui qui sert de Haut-Commissaire au Plan dresse un constat alarmant au sujet du commerce extérieur de la France avec un déficit autour des 75 milliards; une moyenne calculée sur les dernières années passées.
Un chiffre visiblement en dessous de la réalité puisque les prévisions du gouvernement tablent plutôt aux environs de 95 milliards en 2022 et 86 milliards sur l’exercice 2021. Pendant ce temps, nos cousins teutons (Allemands, NdlR) affichent, eux, une balance positive de près de 200 milliards. Une situation inacceptable pour le maire de Pau qui grenouille pourtant dans les hautes sphères politiques depuis longtemps.
Pour le patron du MoDem, ce triste bilan est la démonstration inquiétante du déclassement industrielle de la France. Une précision à mettre en parallèle avec d’autres pays européens, car si nous savons que l’Allemagne fait figure d’exemple inatteignable pour la France actuellement, la comparaison avec d’autres pays plus humbles est aussi confondantes. Ainsi quand nos exportations ont progressé de quelques 50 % ces 20 dernières années, elles ont progressé de 76 % en Italie et de 133 % en Espagne. Ce vendredi, si le Premier ministre Jean Castex accompagné de son ministre à l’Intérieur, Gerald Darmanin, auront « à cœur d’évoquer plusieurs sujets d’intérêt majeurs » avec le Premier ministre Pedro Sanchez, ils parleront sans nulle doute d’économie.
Pour sa part, François Bayrou estime que 900 produits à eux seuls représentent 80 % du déficit commercial français. Il en pointe 50 sur lesquels se concentrer pour redresser la barre en engageant une réflexion. Parmi ces derniers, trône la question énergétique avec le pétrole. Un secteur difficile à contrebalancer. Suivent ensuite le textile et les technologies informatiques. Pour Laurent Izard, Auteur du livre « La France vendue à la découpe », le problème se niche dans la volonté politique : « Au sujet de l’Energie, nous savons que nous sommes structurellement déficitaire en France. Ce qui concerne aussi ça tous les pays européens. Cependant sur d’autres produits, la France a pris un retard industriel. Nous avons pris un vrai retard en termes de recherche. Et ce n’est pas nouveau puisque cela fait 40 ans que nous sommes en train de prendre du retard. Je crois que le fond du problème, c’est la volonté des gouvernements successifs de renoncer à notre industrie depuis le début des années 1980. On a considéré qu’une économie moderne était une économie post-industrielle, une économie sans usines et de ce fait, il ne faut pas s’étonner que nous devions apporter de plus en plus de produits et que nous ayons des exportations en berne« .
Quarante ans de désindustrialisation au nom de l’universalisme qui ont donc provoquer des ravages dans notre pays, mais pas seulement. En effet, des dysfonctionnements surprenants viennent aussi plomber la balance commerciale française. A titre d’exemple, la France est le leader de la production de pommes de terre dans le monde entier. Pourtant le pays importe massivement ses chips et ses flocons pour les produits préparés. Les mêmes principes se retrouvent également dans d’autres secteurs notamment celui du bois ce qui engendre une pénurie de meubles et autres produits finis à partir de matières premières que nous produisons nous-même.
Un système délirant donc, même si la France a toujours des ressources. Pour redresser la barre, un changement de chef d’Etat serait apprécié, nous le savons déjà. Et ce n’est pas avec le tiercé gagnant de Macron lors de sa dernière tournée des pays du Golfe aux Emirats Arabes Unis, au Qatar et en Arabie saoudite, que l’on prendra conscience de reconstruire impérativement une industrie française. De nombreuses orientations sont donc sur la table et une vraie dynamique est en train de s’installer. Cette reconstruction sera lente puisque les entreprises françaises souffrent d’un handicap structurel, notamment en matière de fiscalité, de normes ou de réglementations contraignantes. Mais les Français doivent garder l’espoir. Nous avons des atouts certains pour créer des produits innovants, des produits à terme qui iront concurrencé d’autres produits à l’échelle mondiale. Des orientations qui pourront difficilement être choisi avec des universalistes à la tête de l’État.