Alors que les médias occidentaux continuent de verser dans le délire, la France arrive à un moment décisif. Pointé du doigt par le ministre des Affaires étrangères russe, notre pays pourrait bien faire les frais d’une situation diplomatique tordue. [Décryptage]
C’est sans doute un baptême du feu pour Catherine Colonna, successeur de Jean-Yves Le Drian au ministère des Affaires étrangères. À peine arrivée au Quai d’Orsay, cette brillante diplomate partait lundi pour rencontrer Volodymyr Zelensky et son homologue à Kiev. Une visite ponctuée de politesses en tout genre alors que la situation militaire y est particulièrement compliquée. En effet, malgré les discours contradictoires de la presse occidentale, tout porte à croire que la Russie s’est désormais resserrée autour du Donbass et que son action avance en faveur de Moscou. C’est d’ailleurs un des points essentiels qui transparaissait dans l’entretien que Sergueï Lavrov a accordé à TF1. Le ministre des Affaires étrangères russe est revenu sur les raisons qui ont poussé le Kremlin à envahir l’Ukraine.
En premier lieu Lavrov est revenu sur le traitement qui avait été réservé aux populations du Donbass par les gouvernements successifs de Kiev, qu’il s’agisse de Porochenko arrivé au pouvoir après la révolution de Maïdan – qui a renversé Ianoukovitch – ou de Volodymyr Zelensky l’ancien « clown » élu à la tête du pays il y a 3 ans. Sergueï Lavrov a ainsi rappelé que la Russie devait protéger la langue russe qui était directement agressée dans les provinces autonomistes de l’Est ukrainien et que l’armée était intervenue à la demande des deux provinces autonomes. Le ministre rappelle aussi que les Occidentaux – pour reprendre son terme – ont été maintes fois interpellée au sujet des exactions contre les russophones d’Ukraine au mépris des accords de Minsk et de la Constitution ukrainienne, mais qu’il n’y a eu aucune réaction. Il ajoute aussi que les Russes tentent d’éviter que les infrastructures civiles soient bombarder et affirme que les paramilitaires ukrainiens cachent des armes chez les populations pour s’en servir de bouclier humain tandis que les Russes progresse quand a eu avec le souci d’éviter des victimes collatérales. On imaginerait évidemment, mal qu’il dise l’inverse, hein !
Lavrov précise aussi que les populations de ces régions seront ensuite libre de choisir leur avenir, ajoutant qu’il est peu probable qu’il fasse le choix d’un pouvoir, je cite : « russophobe ». En d’autres termes, la porte de l’annexion est grande ouverte.
Sergueï Lavrov, sans doute dans une démarche de séduction à l’égard des Russes qu’à l’égard des Occidentaux, a remis le couvert sur les accusations incessantes de nazification ukrainienne utilisant même une confusion volontaire avec le nationalisme hitlérien. En réalité, la lutte contre l’Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale est un élément aussi crucial que fédérateur pour la Russie comme le montrent les célébrations du 9 mai derniers. Il s’agit là d’un élément clé dans la rhétorique russe. Pour autant, Lavrov rappelle aussi les rapprochements successifs de l’OTAN des portes de son pays malgré les nombreuses promesses après la disparition de l’URSS. Il appuie également sur le rôle fondamental des États-Unis qui se considèrent, selon lui, souverain du monde et l’hypocrisie de l’Occident qui n’avait rien trouvé à redire quant aux guerres de Yougoslavie, dire à coup de Libye, qui a pourtant fait environ 1 million de morts civils réunis.
Par ailleurs, le ministre russe ne manque pas d’égratigner la France, tout d’abord. S’il affirme que les discussions sont toujours possibles entre Macron et Poutine qui ont eu par le passé une relation de confiance, Lavrov fustige les livraisons d’armes y compris l’offensive à Kiev. Il se moque également à demi-mots des discours de pensionnaire de l’Élysée, plaidant pour une défense européenne que les États-Unis ne laisseront pas exister puisque selon Lavrov Washington a d’ores et déjà mis à genoux Bruxelles.
Le ministre des Affaires étrangères russe s’estime également que les sanctions prises contre Moscou sont à la fois hystériques et symbole de la puissance occidentale. Il ajoute qu’elles étaient rédigées bien avant l’invasion russe et qu’elles attendaient le bon moment pour tenter d’étouffer l’économie russe. De quoi (peut-être) pousser la presse occidentale dans ses travers au point de traiter Sergueï Lavrov… De complotiste !