Depuis trop longtemps, la France est engluée dans un tourbillon de dettes et de déficits. Le constat est sans appel. Le pays vit au-dessus de ses moyens, et cette réalité ne peut plus être ignorée. Pourtant, au milieu des débats houleux qui agitent la classe politique, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, tente d’imposer une voix de la raison. Sa proposition ? Un « cocktail bien proportionné » pour redresser les finances publiques.
La maladie française », comme l’a si justement qualifiée François Villeroy de Galhau, ne date pas d’hier. Depuis des décennies, la France accumule les déficits, creuse sa dette et semble se résigner à cette spirale. Chaque année, les dépenses courantes dépassent les recettes, et la facture, aujourd’hui, devient insupportable. « Les prêteurs internationaux nous disent qu’il faut réagir », a-t-il alerté. Un avertissement qui ne saurait être pris à la légère. Car derrière ces mots se cache une réalité plus brutale encore : la France risque de perdre sa crédibilité financière sur la scène internationale.
À cela s’ajoute un dilemme qui pèse lourdement sur notre avenir. Chaque euro consacré à rembourser la dette est un euro de moins pour investir dans les projets d’avenir, qu’il s’agisse de la transition énergétique, de l’innovation ou encore de l’éducation. Et si la dette commence à coûter plus cher, c’est l’ensemble de l’économie qui risque de plonger.
Pour le gouverneur de la Banque de France, le chemin du redressement est clair. À ses yeux, il est vain de vouloir résoudre la crise actuelle en se focalisant sur une seule approche. Ni une réduction drastique des dépenses publiques, ni une augmentation massive des impôts ne sauront, à elles seules, sortir le pays de cette impasse. Ce qu’il préconise, c’est une solution équilibrée : réduire les dépenses à hauteur de 75 % de l’effort, tout en introduisant des hausses d’impôts « ciblées et justes » pour les 25 % restants.
On peut critiquer cette approche pour son caractère mesuré, voire pour sa modération, dans un contexte où l’extrême gauche a tendance à dominer le débat politique. D’un côté, certains voudraient tailler à la hache dans les dépenses publiques, quitte à sacrifier des secteurs clés comme la santé ou l’éducation. De l’autre, d’aucuns prônent une augmentation des impôts sur les plus riches, sans véritable considération pour l’impact sur l’investissement et l’emploi. Entre ces visions polarisées, François Villeroy de Galhau cherche à ramener le débat à un terrain de pragmatisme.
L’analogie de la famille qui vit au-dessus de ses moyens, utilisée par François Villeroy de Galhau, paraît d’une simplicité frappante. Lorsqu’un ménage n’arrive plus à joindre les deux bouts, il doit faire des choix. C’est-à-dire réduire ses dépenses ou augmenter ses revenus. Cette logique devrait s’appliquer aussi à l’État. Cependant, ce qui peut sembler du simple bon sens pour une famille devient une bataille idéologique dès qu’il s’agit des finances publiques.
Le gouverneur n’a pas manqué de pointer du doigt la tendance française à s’enflammer autour des questions fiscales. Depuis la nomination du nouveau gouvernement de Michel Barnier, le débat sur les hausses d’impôts est devenu un véritable champ de bataille. Pourtant, la réalité budgétaire, elle, n’attend pas que les passions politiques se calment. Chaque jour de retard dans la prise de décision aggrave un peu plus la situation.
S’inspirer de nos voisins ?
L’une des suggestions les plus pertinentes de François Villeroy de Galhau est de « regarder ce qui marche chez nos voisins ». Et pour cause, la France est en passe de devenir le seul pays européen à ne pas réussir à ramener sa dette sous la barre des 3 %, un seuil symbolique pour la stabilité économique. Nos voisins ne sont ni plus intelligents ni mieux armés face aux défis économiques, mais ils ont su faire des choix courageux, parfois impopulaires, pour éviter de sombrer.
Alors, pourquoi la France ne pourrait-elle pas, elle aussi, emprunter cette voie ? Trop souvent, l’exception française est brandie comme un étendard d’orgueil national. Pourtant, dans une Europe où la rigueur budgétaire est devenue la norme, cette exception devient de plus en plus synonyme d’isolement.
Un budget 2025 sous haute tension
Alors que le gouvernement Barnier s’apprête à présenter son projet de budget pour 2025, les regards sont tournés vers ce document capital. Ce budget devra non seulement détailler les mesures pour redresser les comptes publics, mais aussi calmer les inquiétudes croissantes des partenaires européens et des marchés internationaux.
Il est clair que la France est à la croisée des chemins. Entre les déficits qui se creusent, la dette qui enfle et une scène politique en ébullition, la solution n’est ni facile, ni immédiate. Pourtant, le « cocktail bien proportionné » proposé par François Villeroy de Galhau pourrait bien être l’antidote dont le pays a besoin, à condition que le courage politique suive.
Dans les semaines à venir, il appartiendra au gouvernement et au Parlement de transformer cette proposition en une réalité concrète. Et si les discussions risquent d’être animées, une chose est certaine : il n’y a plus de temps à perdre.