Durant la crise sanitaire et la fermeture des cinémas, la rédaction de Quotidien Libre vous propose tous les mercredis une sélection de nouveautés disponibles sur les plateformes de streaming ou en VOD.
Grandeur et décadence de Judy – 1968, Judy Garland est l’ombre d’elle-même. Alcoolique, insomniaque, accro aux cachets, l’ex-ado star des années 1940 n’a même plus de quoi payer une chambre d’hôtel à ses enfants qui se produisent avec elle. Lorsqu’un imprésario anglais lui propose une série de concerts à Londres, l’actrice acculée accepte, même si sa voix flanche. L’accueil de la capitale britannique est triomphal, assez pour faire miroiter une énième renaissance, un ultime amour (Finn Wittrock, gigolo à souhait). Mais les démons de Judy ne sont jamais loin. Tiré de la pièce End Of The Rainbow de Peter Quilter, le film de Rupert Goold entremêle prouesses vocales de Renée Zellweger et instants de frénésie et de détresse. Des flash-back montrant comment les studios ont ravagé la psyché et le corps de Garland. Renée Zellweger s’efface sous les traits de la star sans jamais disparaître totalement, transformant le récit en fable hollywoodienne intemporelle troublante. La caméra, cet ogre inassouvi. Disponible sur MyCanal
There Will Be Blood, de l’or noir entre les doigts – À l’aube du XXe siècle, le pionnier Daniel Plainview possède et exploite déjà quelques puits de pétrole, quand il décide de racheter les terres gorgées d’or noir autour d’une petite ville californienne et s’y installe avec son fils. Avec le progrès, il introduit aussi la violence et la corruption dans cette région aride où rien ne pousse. Le prêtre Eli Sunday, illuminé et charismatique (incarné avec brio par Paul Dano), est le seul à lui tenir farouchement tête. Cette épopée puissante de la conquête de l’Ouest et de ses richesses est aussi une rencontre titanesque et un combat à mort entre le Bien et le Mal, la foi et le cynisme, l’amour et l’ambition. There Will Be Blood est sans nul doute un événement dans l’histoire du cinéma américain. Le premier rôle (Daniel Day Lewis), le réalisateur (Paul Thomas Anderson) et la bande originale ont été légitimement récompensés (oscar, Festival de Berlin, etc.). Un quart d’heure en bonus montre le travail mené sur des documents d’époque. V. D. Disponible sur Arte
Dans Official Secrets, Keira Knightley joue aux espionnes (et ça marche) – Ce long-métrage est l’adaptation d’une histoire vraie. Et le sujet du roman L’espion qui a tenté d’arrêter une guerre: Katherine Gun et le complot secret pour sanctionner l’invasion de l’Irak, signé Marcia et Thomas Mitchell. Lors du vote de l’invasion de l’Irak en 2003 par le Conseil de sécurité de l’ONU, une jeune employée des services de renseignement du Royaume-Uni transmet à la presse des documents prouvant l’espionnage de diplomates par les États-Unis et la collusion entre les deux pays anglo-saxons. Poursuivie en justice par le gouvernement britannique, Katherine Gun est, aujourd’hui, reconnue comme l’une des premières lanceuses d’alerte du monde moderne. Sorti en 2019, le film n’a pas fait grand bruit. Pourtant, la justesse de Keira Knightley, dans le rôle principal, loin de ses personnages sensuels et victoriens – pensez à The Duchess – est surprenante. Disponible sur MyCanal