Jonas Vingegaard a officiellement remporté dimanche la 109e édition du Tour de France. A 25 ans, le Danois aura su renverser le grand favori Tadej Pogacar avec force et sang-froid.
Seulement 25 ans, quatre saisons chez les professionnels et déjà la plus belle course du monde à son palmarès. Le très discret Jonas Vingegaard, encore méconnu du grand public, est devenu ce dimanche le vainqueur du Tour de France 2022. Premier Danois à gagner la Grande Boucle depuis Bjarne Riis en 1996, celui qui travaillait il n’y a pas si longtemps dans un marché de poissons devance sur le podium le crack slovène Tadej Pogacar, double vainqueur de l’épreuve (2020, 2021) et le taulier britannique Geraint Thomas, couronné en 2018.
Derrière ce trio cinq étoiles, le Breton David Gaudu vient prendre la quatrième place, un résultat qui lui permet de semer de belles promesses pour l’avenir. Suivent le Russe Alexsandr Vlasov (5e), le Colombien Nairo Quintana (6e), puis un autre coureur français, Romain Bardet (7e), de retour à un excellent niveau cette année. Il faut aussi souligner la solide performance de Valentin Madouas, premier lieutenant de Gaudu chez Groupama-FDJ et 11e du général.
Dans les autres classements, le Belge Wout van Aert repart avec le maillot vert de meilleur sprinteur, alors que Pogacar doit se contenter du maillot blanc de meilleur jeune. Les pois du meilleur grimpeur sont pour Vingegaard, l’insatiable glouton de la toute-puissante formation néerlandaise Jumbo-Visma. Après son épatante deuxième place en 2021, pour sa première participation au Tour, il était cette fois cité parmi les favoris au départ de Copenhague, mais le monde du cyclisme le voyait logiquement un cran en-dessous de Pogacar et se demandait même s’il parviendrait à gérer la concurrence interne incarnée par Primoz Roglic. Sûr de sa force, il aura balayé les doutes d’un revers de la main, en marquant surtout les esprits lors d’une 11e étape de légende. Ce jour-là, le Tour bascule dans un autre monde. Harcelé de toute part par les Jumbo-Visma, en plein milieu des Alpes, Pogacar finit par craquer dans la terrible montée finale vers le col du Granon. Aérien et sans pitié, Vingegaard en profite pour faire coup double : première victoire d’étape sur le Tour et premier maillot jaune.
Il veut déjà revenir pour faire le doublé
Ce garçon sensible au côté antistar, ancien grand stressé et qui n’aime rien d’autre que partager ses joies avec sa compagne Trine et leur petite fille née en 2020, aurait alors pu vaciller sous la pression et céder devant les innombrables attaques de Pogacar. Ce scénario ne s’est jamais produit. Imperturbable, il n’a jamais tangué et s’est accroché à ce style froid, presque calculateur, pour asseoir sa domination et tuer tout suspense lors de la dernière étape de montagne au cœur des Pyrénées, avant de valider son sacre samedi lors du chrono de Rocamadour. Une trajectoire fulgurante quand on se rappelle qu’en 2018 il évoluait encore au sein de l’équipe danoise ColoQuick, pensionnaire de la Continental Pro, la deuxième division de l’UCI. C’était avant de taper dans l’œil de la Jumbo-Visma, et après s’être endurci en vendant du poisson chez un grossiste dans le port de Hanstholm, au nord du Danemark. Devant un tel parcours, certains posent mécaniquement des questions, appellent à se méfier.
La rançon du succès? « On est complètement propres, chacun de nous dans l’équipe, répond-t-il. Je peux le garantir à tous, personne ne prend rien d’illégal. Pourquoi on a été si bon? C’est grâce à notre préparation. On fait des stages en altitude comme personne n’en fait. On fait tout ce que l’on peut au niveau du matériel, de l’entraînement, de la nutrition. On est la meilleure équipe pour la préparation et c’est pourquoi vous devez nous faire confiance. » Avec trois maillots distinctifs et six étapes, la Jumbo aura régné sur ce Tour.
Pour Vingegaard, la suite devrait passer par un retour en mode rock-star en terre danoise. Le regard, déjà, tourné vers la suite. « Je veux d’abord célébrer cette victoire, dit-il. Bien sûr je veux revenir sur le Tour pour en gagner un autre. Mais je ne me suis pas fixé cinq Tours de France ou quelque chose de ce genre. Je veux seulement revenir et gagner. » Vivement le Tour 2023.