Trump privé de sa liberté d’expression par les géants de l’Internet à la demande d’une coalition gauchisante ? Une procédure de destitution lancée à quelques jours de la fin de son mandat ? Bienvenue dans l’Amérique de Biden.
Tout a commencé par un discours… maladroitement provocateur de Trump et tenu à Washington le 6 janvier dernier, au cours duquel il a incité ses partisans à « descendre Pennsylvania Avenue » et à « marcher vers le Capitole » pour dénoncer « un président illégitime ». Dans la bouche d’un orateur gauchiste appelant à davantage de justice sociale, cet appel à manifester, et non pas à envahir le siège de la démocratie américaine, eut sans doute été soutenu par l’ensemble de presse nationale, voire internationale. Mais Trump, dont le style particulier est propice à une diabolisation tous azimuts par ses adversaires, a été tenu seul responsable de l’invasion du capitole par une foule passablement excitée. Et par une indignation sélective, la classe mediatico-politique a passé sous silence les cinq manifestants froidement abattus par la police du Capitole, dont un ancien vétéran de l’armée américaine, Ashli Babbitt. Dans les colonnes des journaux dédiés à la « cause », on a pu lire que les morts du Capitole ne sont rien d’autres que des coupables.
L’invasion du Capitole est une expression de l’ochlocratie* qui menace, lorsque la démocratie est piétinée et surtout manipulée par une caste médiatico-politique obséquieuse, soucieuse de conserver son petit pouvoir. Toute insurrection violente est condamnable en ce qu’elle est contraire à la loi, à l’ordre et au maintien de la paix sociale. Mais nos démocraties modernes sont souvent nées de l’insurrection, de la guerre d’indépendance des Etats-Unis à la prise de la Bastille. Plutôt que de tenter de comprendre les raisons profondes qui ont poussé des citoyens américains à envahir leur Capitole, la presse a préféré accuser, dénigrer et faire taire Trump par tous les moyens, y compris le déni de démocratie. Un comble pour ceux qui se disent « democrats ».
Nous le savons tous, le débat est au cœur de la vie démocratique. Mais selon les démocrates américains et autres progressistes vieillissants, celle-ci n’est pleinement satisfaite que lorsque ses ennemis déclarés sont empêchés de s’exprimer. Et pour y parvenir, ils utilisent des moyens paradoxalement contraires à l’idéal démocratique : les faire taire par tous les moyens, quitte à se substituer au pouvoir judiciaire. L’invasion du Capitole aurait pu rester un épisode dont les causes et les conséquences appartiennent aux juges et aux historiens. Mais c’était sans compter l’intervention des hérauts du progressisme international qui, prétendant incarner le bien, s’estiment légitimes à user de tous les moyens pour appliquer leur prétendue justice sociale. Ainsi, de Michèle (Obama) à Hillary (Clinton) en passant par de nombreuses stars du cinéma, des appels à faire taire le president déchu en le privant de moyen d’expression sur les réseaux sociaux ont été lancés et… entendus. Après Twitter, qui censurait depuis plusieurs mois les messages du président, y compris ceux appelant au calme, d’autres plateformes se sont ainsi substituées à la justice en procédant à la suspension définitive ou temporaire des comptes de celui-ci : Facebook, Google, Snapchat, Instagram, Youtube, Spotify… Si ces plateformes sont censées permettre la libre expression de millions d’individus dans le respect de la loi, elles ne leur reviennent pas de la faire appliquer, encore moins de manière préventive et sans possibilité d’appel transparent et juridiquement encadré.
Ce déni de justice doublé d’un déni démocratique vient d’atteindre le président en exercice de la première puissance mondiale. Qu’en sera-t-il, demain, de tout un chacun ? Ces réseaux sociaux sont devenus si puissants et si indispensables à la diffusion de l’information et à l’expression démocratique qu’ils devraient passer sous contrôle public. Mais c’est tout à fait l’inverse qui s’est produit. Le pouvoir incommensurable de ces grandes entreprises privées, qui ne cachent pas leur militantisme, prend l’ascendant sur la vie démocratique. Et lorsqu’une alternative à leur toute-puissance apparait, elle est immédiatement considérée comme une menace et neutralisée, l’adversaire idéologique étant identifié comme un ennemi de leur cause. Twitter est même allé jusqu’à supprimer des centaines de comptes de soutien à Trump en quelques heures. En France, des voix à droite comme à gauche se sont élevées contre cette ingérence démesurée des GAFAM dans la vie démocratique. Demain, la puissance publique devra-t-elle s’emparer de la question essentielle du délit d’opinion et de sa régulation par des entreprises privées ? Inquiétant.
*Ochlocratie : régime politique dans lequel la foule a le pouvoir d’imposer sa volonté