S’il nous est facile de reconnaître les imbéciles, « sales cons », « pauvres idiots », et autres « abrutis », difficile d’admettre que nous sommes toutes et tous l’imbécile de quelqu’un. Les comportements, les paroles idiotes sont-elles la chose la mieux partagée au monde ? [Eléments de réponse].

Evidemment, on pense assez facilement à la célèbre chanson de Brassens, « Quand on est con, on est con », mais aussi à Audiard, « Les cons, ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît », ou plus contemporain, Albert Dupontel qui lui a préféré dire dans l’un de ses films à succès « Adieu les cons… ».
Mais les imbécilités proférées ou la connerie rampante, c’est aussi un sujet de recherche très sérieux, mené par des historiens, des docteurs en psychologie, des experts en préhistoire, car la connerie remontent à la préhistoire de ce que l’on sait. Sujet de prédilection par excellence, certains philosophes se sont même mis à rédiger des essais sur le sujet. Bref…
La difficulté, si on est tous le con de quelqu’un, c’est qu’il y a autant de cons que d’individus ?! Entre M. Michu mal réveillé, la voisine acariâtre, le commerçant de patates miné « Carême », l’influenceuse écervelée, l’approchant à l’haleine discutable dans le metro, le patron d’entreprise colérique voire le politique annonçant l’apocalypse le 7 mars prochain… Diantre ! Nous sommes près de 7 milliards sur la planète. Moins UN ! Parce qu’il faut bien se l’avouer, on a toujours du mal à reconnaître qu’on peut être un con soi-même. C’est le grand Gustave (Flaubert) qui a dit un jour que peu de gens acceptent de reconnaître qu’ils ont tort. Mais douter de soi, n’est-il pas un bon antidote à la connerie ?
La connerie, c’est un peu comme… le gris
Sans mauvais jeu de mots, oui ! Il y en a au moins 50 nuances : le « sale con », celui qui raisonne et méprise l’autre ; le « gros con », celui-là, c’est foutu il n’y a rien à faire, un peu comme le « vrai con », à ne pas confondre avec le « pauvre con » qui est malheureusement proche de celui qu’on appelait naguère l’imbécile du village. Est-il permis de lui en vouloir ?
Curieusement, l’imbécilité est un concept difficile à définir. Une vraie saloperie dirait notre bonne Mireille. Que dis-je, une vraie connerie ! Après tout, tenter de définir la connerie est en soi… une connerie, non ? Chacun possède ses propres critères.
Selon Stanislas Bigot, chercheur en neurosciences cognitives, « ce terme veut dire à la fois quelqu’un qui soi-disant est bête, quelqu’un qui est intelligent mais qui fait quelque chose de con à ce moment-là, ou alors tout simplement ça veut dire quelqu’un qui n’est pas d’accord avec vous. En fait, souvent ça se rapporte à ça. »
La compét’ rend les gens cons, paraît
Pour Albert Dupontel, au micro de Léa Salamé en 2021, à l’occasion de la sortie de son film Adieu les cons, c’est la compétition qui crée la connerie. Il expliquait en ces mots : « les cons, c’est vous, c’est moi, c’est ce qu’on fait de nous. Je me pardonne quand je suis con, parce que je le suis comme tout le monde, c’est parce que je me dis que j’étais à l’école et mes déviances d’adulte, ce sont des carences affectives. Pourtant, j’ai été aimé par mes parents et ce sont des carences pédagogique, c’est cette fameuse compétition à laquelle je me refuse. »
Toujours selon Stanislas Bigot, c’est aussi la compétition et le fait de hiérarchiser les gens qui engendre la connerie : « il me semble que c’est parce qu’on est dans une société effectivement qui classe, qui dit qu’il y a certains individus qui méritent de vivre, d’autres pas. Certains qui méritent d’être riches, d’autres pas. Certains qui ont le droit d’accéder à des bons soins et d’autres pas.
En fait, quand on se met dans ce mode de pensée-là, il me semble qu’on réduit le nombre de dimensions infinies possibles de la vie, on réduit à une dimension unique qu’on apprend à l’école, en famille : je dois être meilleur que les autres de ma classe. Je dois gagner plus d’argent qu’eux… »
Ce serait donc la compétition entre les gens qui induirait la connerie, enfin une de ses nombreuses formes. Dingue. Mais revenons sur une note plus légère qui rendra peut-être moins con :
Je ne veux pas la mort des cons, je n’aime pas la solitude
San Antonio