La France a adressé lundi un ultime adieu à son ex-président Jacques Chirac, lors d’un hommage solennel à l’église Saint-Sulpice en présence de chefs d’Etats étrangers et de la quasi-totalité de la classe politique nationale, avant une inhumation à Paris dans l’intimité.

Claude Chirac pose la main sur le cercueil de son père, l’ancien président Jacques Chirac, au cimetière du Montparnasse, à Paris, le 30 septembre 2019 I AFP / Philippe LOPEZ
Arrivé peu avant midi encadré par une imposante escorte motocycliste, enveloppé du drapeau tricolore et porté par ses anciens officiers de sécurité à l’Elysée, le cercueil de Jacques Chirac a remonté la nef de l’église Saint-Sulpice au son du requiem de Gabriel Fauré, sous les yeux de près de 2.000 invités venus du monde entier. Plusieurs d’entre eux, fidèles et proches, ont montré leur émotion pendant la messe à l’évocation du souvenir de l’ancien maire de Paris, plusieurs fois ministre et Premier ministre, puis deux fois élu président de la République (1995 à 2007). La foule massée sur le parvis a applaudi l’entrée et la sortie du corps de l’ancien président, qui s’est éteint jeudi à l’âge de 86 ans, à quelques rues de là. Bernadette Chirac, affaiblie et qui n’est pas apparue publiquement depuis le décès de son époux, était absente en raison de sa santé de ce service célébré par Mgr Aupetit, archevêque de Paris. Peu avant, pour la première fois depuis le terrible incendie qui l’a ravagée, la cathédrale Notre-Dame avait fait retentir son bourdon.
L’assistance, dans le deuxième plus grand édifice religieux de la capitale, fut à la mesure de l’afflux de messages parvenus du monde entier depuis jeudi dernier: 80 personnalités étrangères, chefs d’Etat et de gouvernement, anciens dirigeants et membres de famille royales, ont honoré le grand fauve de la politique française, omniprésent pendant plus de quatre décennies, mais très affaibli ces dernières années. Dans les premiers rangs se sont côtoyés le président russe Vladimir Poutine, qui en juin avait qualifié M. Chirac de dirigeant l’ayant le plus impressionné dans sa carrière, les présidents italien Sergio Mattarella et congolais Denis Sassou Nguesso ainsi que les Premiers ministres libanais Saad Hariri et hongrois Viktor Orban, ou encore l’ex-président des Etats-Unis, Bill Clinton (1993-2001). Ils ont retrouvé les anciens présidents français Nicolas Sarkozy et Valéry Giscard d’Estaing, ainsi qu’une grande partie de la classe politique nationale. La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a renoncé à s’y rendre, face aux réserves de la famille Chirac. Le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a choisi pour sa part de participer plutôt à l’hommage rendu à M. Chirac à l’Assemblée nationale à 15h00.
7.000 personnes aux Invalides
Clin d’oeil aux racines de l’ancien président, une salade corrézienne a été servie aux 69 dirigeants reçus à l’Elysée après la messe. Dans la matinée, une cérémonie privée, célébré par Mgr Jean-Yves Riocreux, évêque de Basse-Terre (Guadeloupe) avait eu lieu aux Invalides, en présence de Bernadette Chirac et quelque 200 personnes, famille et personnel médical ayant assisté Jacques Chirac. Martin Rey-Chirac, 23 ans, petit-fils unique de l’ancien président, a pris la parole pour rendre hommage à son grand-père, avant l’arrivée d’Emmanuel Macron, visage grave et fermé, venu rendre les honneurs funèbres militaires dans la cour pavée. Au même endroit dimanche, une foule impressionnante -7.000 personnes selon l’Elysée- a défilé, malgré la pluie, jusque tard devant le cercueil, placé à l’entrée de la cathédrale Saint-Louis, recouvert de bleu, blanc, rouge. Lundi, avant même que le soleil ne se lève, le Premier ministre Edouard Philippe s’est rendu à son tour aux Invalides, en toute discrétion.
Il était proche des simples. Il aimait les gens, a résumé Florien, au milieu de la foule.
Jacques Chirac a ensuite été inhumé en début d’après-midi dans un cadre strictement privé au cimetière du Montparnasse. Selon le souhait de son épouse Bernadette, il repose désormais dans le caveau de leur fille aînée Laurence, décédée en 2016 et dont le destin tragique a été le drame de sa vie. La journée de deuil national décrétée lundi était la huitième depuis le début de la Ve République en 1958. Les drapeaux ont été mis en berne sur les édifices publics et les Français appelés à observer des minutes de silence à 15h00, notamment dans les salles de classe. Un hommage sera également rendu à l’ex-président le week-end des 5 et 6 octobre en Corrèze, dont il fut le député.