Moins de trois mois se sont écoulés depuis l’exécution de Navid Afkari. Sa mort a suscité un veritable tollé mondial en Iran. De nombreux gouvernements et personnalités, notamment des athlètes de renom, ont exprimé leur dégoût.
Ce n’est pas moins de dix autres personnes qui ont été exécutées depuis la mise à mort de Navid Afkari, et ce nombre ne comprend que ceux dont les noms ont été officiellement annoncés. La dernière exécution en date qui a été perpétrée par le régime iranien est celle de Mohammad Hassan Rezaiee, un jeune iranien âgé seulement de 16 ans au moment de son arrestation. Le 31 décembre dernier, le régime a pendu le jeune homme qui avait purgé 13 ans de prison sous la torture et la pression, y compris une longue mise à l’isolement. A l’heure où nous écrivons ce papier, l’Iran détient toujours l’effarant record mondial d’exécutions d’adolescents voire de jeunes adultes.
Le même jour, le régime des mollahs a aussi pendu trois autres prisonniers, tous Sunnites, à la Prison de Vakil-Abab à Mashhad (Nord-Est de l’Iran). Hamid Rastbala, Kabir Sa’adat Jahani et Mohammad Ali Arayesh, tous trois accusés d’être des « hors-la-loi » ont enduré cinq ans et demi d’emprisonnement et des tortures qui l’est de bon ton de ne pas préciser. Si le régime a été condamné des centaines de fois par la communauté internationale, cela n’a pas suffi à l’empêcher de procéder à ces récentes exécutions. En répétant ces actes ignobles et sauvages en public, le régime iranien joue avec les normes en vigueur, fruit de plusieurs siècles de lutte humaine. Pour rappel, le chef du système judiciaire du pays, Ebrahim Raïssi, a été impliqué dans le massacre de 30.000 prisonniers politiques en Iran en 1988. A l’époque, l’homme était membre de la Commission de la Mort ; une commission qui se composait de quatre personnes issus de plusieurs villes et provinces iraniennes qui jugeaient et votaient si oui ou non les prisonniers avaient maintenu leur position idéologique, leur opposition au régime de Khomeini ou leur loyauté envers le MEK, l’opposition assermentée au régime. Depuis, Amnesty International a réuni des preuves édifiantes sur l’implication de plusieurs personnalités politiques et religieuses qui occupent encore aujourd’hui des postes à haute responsabilité. Au sujet des disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires, plusieurs noms circulent : Alireza Avaei, actuel ministre de la Justice; Mostafa Pour Mohammadi, ancien ministre de la Justice et actuel conseiller du chef du système judiciaire; Hossein Ali Nayyeri, président de la Cour Suprême de Discipline des Juges et le redoutable Ebrahim Raïssi, cité plus haut. A ce jour, le régime iranien n’a jamais payé le prix de ce massacre. Si Amnesty International qualifie ces exactions de massacre perpétré en toute impunité, la demande d’arrêt de prochaines exécutions dans le pays reste vaine.
Le régime iranien aurait dû payer le prix de l’assassinat ou d’enlèvements massifs de ses opposants à l’étranger, comme celui de Ruhollah Zam ou de dissidents à Berlin, en Suisse et à Paris. Il faut rappeler que le régime n’aurait jamais pu – même avec l’aide d’un diplomate en exercice – mener à bien le complot du bombardement à mains nues fomenté à Paris en 2018 sur un rassemblement de l’opposition iranienne dans la banlieue de la capitale, créant sans doute un attentat plus grave que celui du Bataclan en novembre 2015. Lorsque ce même diplomate, accusé d’attentat à la bombe, a été traduit en justice en Belgique, il avait alors menacé le tribunal en déclarant que s’il était condamné, des groupes du régime pro-iraniens Belges mettraient le feu au pays. Une arrogance qui traduit farouchement le manque de scrupules de ce regime totalitaire. L’impunité a toujours été le carburant de la machine à mort du régime iranien. Jusqu’à quand ?