FAITS DIVERS I Confondue par des analyses ADN après 14 ans d’enquête, une mère de 53 ans a été mise en examen à Mulhouse, soupçonnée d’avoir, entre le début des années 1990 et 2005, tué cinq de ses nouveau-nés, sans que leur père ne se doute de rien.

Le Colonel Guillaume Le Blond, le procureur de Mulhouse, Dominique Alzeari et le Colonel François Despres, le 30 novembre 2017 à Mulhouse I AFP / Sebastien Bozon
Les enquêteurs pensent ainsi avoir résolu l’une des plus anciennes affaires non résolues d’infanticide en France : l’énigme persistait depuis la découverte fortuite, en octobre 2003 dans une forêt de Galfingue (Haut-Rhin), de quatre cadavres de nouveau-nés dans ses sacs-poubelle.
Sylvie H., qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, a reconnu l’intégralité de ces faits d’homicide sur ses enfants qui venaient de naître, a précisé lors d’une conférence de presse le procureur de Mulhouse, Dominique Alzéari.
Son concubin et ses trois enfants aujourd’hui adultes -âgés de 18 ans, 27 et 32 ans- n’étaient manifestement absolument pas informés de ce qui s’est passé.
Le père est d’ailleurs très affecté, selon le magistrat. La mère de famille, une employée tout à fait insérée, a expliqué aux enquêteurs que ces enfants, elle ne les voulait pas, qu’elle ne vivait pas ces maternités, qu’elle ne les avait pas investies, et lorsqu’elle a accouché – ce sont des grossesses qui sont allées à terme -, elle a décidé de les supprimer.
Les faits se seraient étalés sur une dizaine d’années. La mise en examen n’a pu donner de date précise aux enquêteurs, qui évoquent une fourchette de temps assez large, entre 1993-95, jusqu’à 2003-2005, selon le procureur. A chaque fois, la mère dit avoir accouché seule à son domicile, sans témoin.
Ses grossesses ont été visiblement dissimulées, a précisé M. Alzeari, soulignant qu’il ne lui appartenait pas de dire si on était là face à un cas de déni de maternité -ce point devra être éclairci par l’enquête.
Selon l’autopsie réalisée en 2003, les nourrissons découverts à Galfingue étaient nés viables et au moins deux d’entre eux avaient été étranglés avec des cordelettes retrouvées autour de leur cou. Un 5e petit corps a été trouvé récemment par les enquêteurs au domicile actuel de la famille, à Petit-Landau, en périphérie de Mulhouse, a précisé le colonel François Despres, commandant de la section de recherches de gendarmerie de Strasbourg. En conséquence, dans ce dossier, il y a actuellement cinq victimes recensées, et pas quatre comme nous le croyions au départ, a observé le procureur…