Le verdict est tombé: huit ans de prison. Myriam D., mère jugée pour l’acte le plus atroce et incompréhensible selon l’avocat général, a tué son bébé de 10 mois en le lâchant du 7e étage d’un immeuble.

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Je ne minimise pas la gravité des faits, a déclaré l’accusée, dans ses dernières paroles devant la cour d’assises, avec ce regard fatigué, vide, qu’elle a conservé durant les trois jours de procès. Je culpabilise énormément. Il y a un mot dans mon coeur, c’est souffrance.
Myriam D. a été jugée pour le meurtre de son fils, Raphaël, en août 2015 à Paris. Elle n’a jamais tenté de faire croire à l’accident, tout en affirmant que l’acte n’était pas volontaire. Cette femme de 34 ans a expliqué avoir lâché son bébé, avoir écarté le bras et qu’elle l’avait laissé partir dans un moment de grosse angoisse. Deux psychiatres ont estimé qu’il y a eu, chez cette mère qui avait déjà des antécédents psychiatriques lourds, une altération du discernement, au moment des faits. Elle n’a jamais reconnu avoir jeté l’enfant, malgré les questions pressantes du représentant de l’accusation.
Lorsqu’on prend Raphaël dans les bras, qu’on le met au-dessus de la barrière, qu’on le lâche, le pousse, mathématiquement il se tue. Qu’est-ce que vous imaginiez Myriam D.? Qu’il allait s’envoler? l’a interpellé l’avocat général, Julien Eyraud, dans son réquisitoire. L’acte qu’a commis Myriam D. est l’acte le plus terrible, atroce, incompréhensible, impensable.
Pourquoi cette mère, qui dit toujours aimer son enfant, a-t-elle commis ce geste ?
Il y a tout un tas de réponses, a reconnu l’avocat général, qui a proposé une explication. Myriam D., à la personnalité énigmatique et complexe, a été adoptée à 4 mois. Manifestement elle a été malheureuse, cet abandon a été marquant, a-t-il souligné.
Et lorsque le père de Raphaël, Guillaume F., lui a annoncé qu’il souhaitait mettre fin à leur cohabitation, c’était un abandon encore une fois. Trois jours après, elle lâchait Raphaël de 21 mètres de haut, alors qu’elle aurait dû lui amener l’enfant. Raphaël, dont le père, Guillaume F., est homosexuel, a été conçu sans rapport sexuel, mais avec une insémination artisanale, à l’aide d’une pipette de Doliprane. Guillaume F. et Myriam D. se sont rencontrés sur un site internet mettant en relation des personnes souhaitant avoir un enfant.
Quand on fait un enfant qui est le fruit de l’amour, c’est déjà parfois difficile. […] Quand on s’éloigne trop des méthodes naturelles, un jour ou l’autre ça se termine mal, a estimé l’avocat de l’accusée. Pour Me Margulis, cette affaire n’est pas très éloignée des cas de déni de grossesse, avec ces femmes qui ne sont ni folles, ni criminelles mais sont capables de commettre un acte totalement contraire à l’ordre des choses.
Myriam D. encourait la perpétuité. La justice a été plus clémente…