Pour sa « Une » de ce lundi 8 mars, le journal a décidé de laisser une double-page au violeur d’Alma, à l’origine de la libération de la parole à Sciences-Po Bordeaux.
C’est une « Une » qui risque, et qui fait d’ailleurs déjà, scandale, en pleine journée des droits des femmes. Celle du journal Libération ce lundi 8 Mars. La Une ou plutôt une partie de la Une est consacrée par le journal au violeur d’Alma, une étudiante de Sciences-Po Bordeaux par qui la parole s’était libérée notamment sur les réseaux sociaux. Et même si la jeune femme, aujourd’hui âgée de 20 ans, a aussi droit à la parole dans cette édition, tout une page est consacrée à la lettre de son violeur, son ex-petit ami, et aux justifications du journal.
Ils ont donc décidé pour le 8 mars de publier la lettre d’un violeur en la qualifiant ainsi « La force intellectuelle, la fougue de ce texte ».
c’est à hurler.
quant au choix du violeur d’envoyer sa lettre à un journal.. saloperie. (la lettre est immonde évidemment). https://t.co/CEWNJTrJLG— Valerie Rey-Robert (@valerieCG) March 7, 2021
La lettre présentée comme « un texte fort et dérangeant » selon le quotidien qui met en avant une « réflexion qui vise à nous interpeller » et « à nous sortir de notre zone de confort ». Libération va même encore plus loin en évoquant « la force intellectuelle » ou « la fougue » de ce texte. Le quotidien se dédouane ensuite en rappelant que l’homme qui est « l’auteur de ce texte est aussi l’auteur du crime » et qu’évidemment, publier ce genre de texte pose des problèmes d’ordre « éthique, journalistique ou juridique ».
Un choix « dégueulasse »
Autant de qualificatifs qui ont fait sortir de leurs gonds de nombreuses féministes à l’image de Valérie Rey-Gobert qui dénonce avant tout les qualificatifs employés par le journal : « C’est à hurler » ; dit-elle, en parlant de « saloperie » quant à la lettre de son auteur. Même ton pour Caroline de Hass pour qui « ce journal a un sérieux problème ». Elle ajoute : « Tout est mépris, indécence et violence dans ces papiers Libération ». La dessinatrice Pénélope Bagieu parle elle aussi de choix « incompréhensible et dégueulasse ». D’autant plus risqué qu’il s’agit de la Journée de lutte pour le droit des femmes. Une internaute fustige une « violence extrême », tandis que la revue féministe « Women who do stuff » s’offusque : « Vous choisissez le 8 mars pour donner la parole à un violeur ? Et en plus avec une iconographie plus que douteuse ? ».
Dans la lettre publiée, l’homme en question ne justifie pas son passage à l’acte mais dit expliquer ; pourtant il « ne s’autoflagelle pas, ni ne se défausse » selon Libération. Si Alma a été mise au courant de ce texte, elle dit prendre encore son temps et « portera plainte lorsqu’elle sera prête ».