Une nouvelle adaptation de Balzac, le retour du Petit Nicolas, l’amitié pour une «Wolfwalker»… Découvrez la sélection ciné de Quotidien Libre.
Illusions perdues, un drame historique de Xavier Giannoli (2h30) – Lucien Chardon, qui a rédigé un recueil intitulé Les Marguerites, a des ambitions. Fréquenter le salon de Madame de Bargeton ne lui suffit pas. Obtenir une particule, c’est déjà compliqué. Se faire un nom, voilà une tâche quasi impossible. Sous son nouveau nom, Lucien de Rubempré, jeune homme au physique pas désagréable, il séduit les dames, irrite les messieurs, caresse des rêves de gloire. La province, cela va cinq minutes. À nous deux Paris, comme le clamera un de ses camarades en caractères d’imprimerie. Au XIXe siècle, cette ville est le royaume des affairistes et des combinards. L’escroc pullule. Les fausses valeurs tiennent le haut du pavé. Lucien en reste confondu. Cette sidération n’a qu’un temps. Le garçon apprend vite. La littérature patientera. En attendant, il y a le journalisme. C’est un joli métier. Sous la houlette de Vincent Lacoste, cynique et déluré, la capitale prend soudain d’autres couleurs.
Le Trésor du Petit Nicolas, une comédie familiale de Julien Rappeneau (1h43) – Avec sa bouille de gamin réjoui surgissant de l’école, ses culottes courtes crottées, sa cravate rouge dans le vent, sa touffe de cheveux peignée à la diable et son cartable à la main, Nicolas convoque autant les souvenirs d’une enfance éternelle que la nostalgie d’une France heureuse, celle des Trente Glorieuses. […] Mené tambour battant par un Julien Rappeneau sincère et inspiré, Le Trésor du Petit Nicolas évite les écueils de la comédie familiale préfabriquée maquillée en « blockbuster à la française ». La mise en scène, précise, met en valeur le soin apporté aux dialogues, qui claquent comme des fouets. Billy Wilder parlait du « tempo » hystérique inhérent à la comédie. Ici, il n’y a rien à redire. Rappeneau a également su retenir les leçons de cinéma de son père. Sa direction d’acteur est au cordeau. Surtout avec cette troupe d’enfants acteurs qui n’a pas dû se laisser faire avec la docilité de comédiens professionnels. Les deux institutrices (Noémie Lvovsky et Adeline d’Hermy, de la Comédie-Française) s’écharpent à fleurets mouchetés, avec beaucoup de finesse. Mention spéciale également au « Bouillon », le surveillant de l’école incarné cette fois par Grégory Gadebois. Bref, Rappeneau trousse un excellent divertissement primesautier, rythmé, et émouvant.
Le Peuple loup , un film d’animation de Tomm Moore et Ross Stewart (1h43) – Le Peuple loup est le dernier volet d’un triptyque sur le folklore irlandais, après Brendan et le secret de Kells et Le Chant de la mer. Tomm Moore, cette fois avec l’aide du coréalisateur Ross Stewart, met en scène Robyn, une fillette de 11 ans, cantonnée à la maison par un père veuf et inquiet du monde extérieur, recruté par un seigneur cruel pour chasser une meute de loups afin de mieux ratiboiser la forêt aux alentours de la ville. En désobéissant, Robyn se lie d’amitié avec Mebh, une « Wolfwalker » à l’abondante chevelure rousse, enfant le jour, louve la nuit. Moore s’inspire à la fois de l’art celtique et amérindien, de Gustav Klimt ou des mandalas indiens pour camper une nature fabuleuse, cadre de métamorphoses spectaculaires. Les formes humaines, animales et végétales se mêlent avec une fluidité et une harmonie remarquables. Le pendant irlandais du merveilleux et de l’écologisme fantastique du studio Ghibli. Charming !