Intitulé Huit heures à Berlin, le nouvel épisode des aventures du tandem imaginé par Edgar P.Jacobs, paraîtra le 25 novembre. Jean-Luc Fromental, l’un des trois auteurs, analyse cette couverture qui convoque quelques souvenirs.
Le 29e tome des aventures de Blake et Mortimer se profile déjà à l’horizon ! Intitulé Huit heures à Berlin, publié le 25 novembre prochain, nous retrouvons le fameux tandem créé par Edgar P.Jacobs, plongé cette fois au début des années 1960.
Même si l’on ne sait pas encore grand-chose de l’intrigue de ce 29e épisode, la couverture de Huit heures à Berlin, qui vient d’être dévoilée par l’éditeur belge Yves Schlirf, donne l’occasion d’en savoir plus.
Concocté par le dessinateur Antoine Aubin (neuf ans après L’onde Septimus), et le tandem scénaristique José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental (qui signe leur première incursion dans l’univers jacobsien), nos chers héros «so british» s’engouffrent dans les méandres d’une intrigue qui fleure bon l’espionnage au cœur de la guerre froide.
«Tout a commencé en 2015 lorsque j’ai reçu le coup de téléphone d’Yves Schlirf, se souvient le scénariste Jean-Luc Fromental. Schlirf m’a proposé de but en blanc : “Est-ce que cela t’amuserait de plancher sur une nouvelle aventure de Blake et Mortimer?” J’ai tout de suite trouvé ça formidable, mais j’ai immédiatement suggéré à Yves de travailler avec mon ami José-Louis Bocquet.
Nous avons reçu un briefing précis. Il s’agissait d’emmener Blake et Mortimer un peu hors des zones habituelles de leurs précédentes aventures situées dans les années 40-50. Le deuxième axe consistait à revenir vers une intrigue liée à l’espionnage. Et le troisième angle visait à faire revenir Francis Blake au premier plan, afin qu’il prenne autant la lumière que le bouillonnant professeur Mortimer, qui a une fâcheuse tendance à attirer vers lui l’aventure, comme un aimant!»
C’est ainsi que naît le projet de ce 29e tome. Bocquet et Fromental décident de situer l’action de leur album dans l’Allemagne de 1963, au cœur de la ville de Berlin, plaque tournante de l’espionnage entre l’Est et l’Ouest durant la Guerre froide.
«L’histoire s’est tricotée de cette manière, précise Fromental, et cela fut pour nous comme un long dimanche de chatouille. Nous avons pris, José-Louis et moi, beaucoup de plaisir à élaborer cette intrigue dans la lignée des romans d’espionnage de Len Deighton, qui furent adaptés au cinéma, notamment dans “Nos Funérailles à Berlin”, avec Michael Caine dans le rôle d’Harry Palmer. Nous avons également pensé à l’ambiance de films tels que “La Maison Russie” d’après John Le Carré ou plus récemment “Le Pont des espions”, en 2015, ce film de Spielberg qui relatait l’échange entre un pilote américain de la CIA et un espion soviétique dans le Berlin en 1962.»
La couverture de Huit heures à Berlin découle de ces différentes influences. L’année 1963 n’est pas anodine. Elle implique notamment la venue historique le 26 juin d’un personnage d’État mythique, le président des États-Unis J.F. Kennedy, qui prononça un discours resté célèbre (et plus spécifiquement la phrase «Ich bin ein Berliner», «Je suis un Berlinois») à l’occasion des quinze ans du blocus de Berlin. «Je ne peux pas vous en dire plus», indique sobrement Fromental.
«Tout ce que je peux vous dire, c’est que la couverture de cet album met en scène une séquence générique qui n’existe pas dans l’album, reconnaît Jean-Luc Fromental. Nous voulions montrer Francis Blake et Philip Mortimer sur un pied d’égalité, tout en rappelant l’ambiance des grands albums passés signés Jacobs. C’est Antoine Aubin, grand amateur de Blake et Mortimer, membre distingué du Centaur Club, qui a présidé à cette image. Il nous a soumis plusieurs projets, dont l’un où Mortimer arborait un débardeur, qui sera finalement remplacé par un imper mastic. La teinte du ciel passe également du rose au rouge.»
Quant à l’ombre des deux héros qui se détache nettement sur le mur de Berlin au crépuscule, elle évoque bien évidemment une autre couverture emblématique des aventures de Blake et Mortimer, «La Marque jaune», conçue en 1956 par Edgar P.Jacobs. Le dessinateur André Juillard a déjà rendu hommage à cette image légendaire en la détournant pour la prépublication du 14e tome des aventures de Blake et Mortimer, «La Machination Voronov», paru à l’été 1999 dans les pages du Figaro Magazine.
Dans «La Marque Jaune», le génial Jacobs avait placé ses deux héros «so british» aux aguets, au pied d’un mur de briques sur les docks de Londres. Sur cette façade, se dessine non seulement le célèbre «M» jaune du méchant, mais aussi les deux ombres portées des héros, éclairés par une puissance lumière.
Dans Huit heures à Berlin, on retrouve cette posture un brin théâtrale, et cette ombre portée qui dramatise l’action. On attend la publication de cette nouvelle aventure avec grande impatience !