Des manifestants hostiles au gouvernement pro-Pékin tentaient de pénétrer dans le parlement local de Hong Kong ce lundi en brisant des vitres, ont constaté des confrères, avant une grande manifestation prévue pour l’anniversaire de la rétrocession à la Chine.

Un manifestant agite un drapeau hongkongais noir au lieu du rouge officiel, le 1er juillet 2019 I AFP / VIVEK PRAKASH
La police a répliqué par des gaz poivrés et des forces anti-émeute ont été vues à l’intérieur du bâtiment, qui a été au centre des manifestations ces dernières semaines en réaction à un projet de loi du gouvernement visant à autoriser les extraditions en Chine continentale. Le texte, désormais suspendu, a précipité des foules immenses dans les rues, encore deux millions le 16 juin dernier selon les organisateurs, sur une population totale de 7 millions d’habitants. Si les manifestations furent largement pacifiques, la contestation a également donné lieu à de violents affrontements entre policiers et protestataires. Les tensions ont ressurgi dans l’ancienne colonie britannique devenue territoire semi-autonome, haut-lieu de la finance internationale. De petits groupes de contestataires, majoritairement jeunes et masqués, se sont emparés de trois grandes artères du coeur de Hong Kong et ont entravé la circulation avec des barrières de plastique et de métal. Dans les rues adjacentes, Sam Mu, un artiste, agitait des drapeaux noirs.
C’est le symbole de la chute de notre ville, dit-il. Les libertés de notre ville se rétrécissent. Elle se dirige vers l’autoritarisme.
Des rangs serrés de policiers antiémeute casqués, armés de boucliers, faisaient face aux manifestants. Peu avant la traditionnelle cérémonie de lever des drapeaux chinois et hongkongais qui marque l’anniversaire de la rétrocession du 1er juillet 1997, des contestataires ont été chargés par les policiers. Les forces de l’ordre les ont attaqués à coups de matraques et de gaz poivré. Une manifestante saignait de la tête, a rapporté un journaliste. Ailleurs, des protestataires lançaient des oeufs sur les policiers.
Erosion des libertés, à Hong Kong
Parti du rejet du texte sur les extraditions, le mouvement s’est élargi à une dénonciation généralisée de l’action d’un gouvernement auquel la majorité des Hongkongais ne font plus confiance, tant ils ont l’impression qu’il a permis, voire favorisé, l’érosion de leurs libertés par Pékin. Aux termes de l’accord ayant présidé à la rétrocession, Hong Kong bénéficie de libertés inconnues dans le reste de la Chine, en théorie jusqu’en 2047, en vertu du principe un pays, deux systèmes. Les démocrates de tous bords organisent à chaque anniversaire du retour de Hong Kong dans le giron chinois une manifestation pour mettre en avant leurs exigences démocratiques, dont l’élection du chef de l’exécutif au suffrage universel. Ces dernières années, les foules ont été immenses. En 2014, l’élan pour la démocratie avait donné lieu à un vaste mouvement d’occupation connu sous le nom de révolte des parapluies. Il n’avait pas arraché la moindre concession à Pékin. Cette fois-ci, la manifestation se déroule dans le contexte de la fronde généralisée contre le projet de loi sur les extraditions, mais aussi de colère contre les violences policières. Les manifestants exigent également la démission de la cheffe du gouvernement Carrie Lam ainsi que la fin des poursuites contre les protestataires arrêtés ces dernières semaines. La cheffe du gouvernement de Hong Kong Carrie Lam (au pupitre) lève son verre de champagne à l’occasion du 22e anniversaire de la rétrocession du territoire à la Chine, le 1er juillet 2019. Mme Lam, qui bat des records d’impopularité, fait profil bas depuis qu’elle a dû suspendre son texte.
Ce qui s’est passé ces derniers mois a provoqué des conflits et des disputes entre le gouvernement et les habitants, a-t-elle reconnu, réitérant les mots d’apaisement dont elle use depuis des jours sans réussir à calmer les revendications.
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