Mobilisés massivement mercredi, les policiers n’en sont pas à leur premier rassemblement de grande ampleur depuis 20 ans. Face à la montée d’un phénomène «anti-flics», aux agressions et au sentiment d’être abandonné par les gouvernements successifs, ils ont dû multiplier les événements marquants.
2020 : les propos de Castaner et Macron ne passent pas – En juin 2020, de nombreux rassemblements de policiers étaient organisés sur le territoire, les fonctionnaires s’estimant «jetés en pâture» par le gouvernement, par suite du projet d’abandon de la «clé d’étranglement» annoncé après des manifestations contre les violences policières. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Christophe Castaner, avait également demandé la suspension de policiers en cas de «soupçons avérés» de racisme. Face au tollé qu’avaient provoqué ses paroles, il avait alors reconnu une «maladresse». La technique d’interpellation est finalement restée utilisée.
Six mois plus tard, en décembre dernier, plusieurs centaines de policiers se sont rassemblés à Paris, Nantes ou Bordeaux. Ils se sont dit «dénigrés» après des propos d’Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat avait estimé que des contrôles au faciès existent, ciblant davantage les jeunes dont la peau «n’est pas blanche» et reconnu qu’il existait des violences faites par des policiers.
2019 : la « marche de la colère » après les longs mois de gilets Jaunes – Le 2 octobre 2019, près de 30.000 policiers, selon les organisateurs, défilaient à Paris pour une «marche de la colère». La principale raison était l’usure physique mais aussi mentale des agents sur le terrain, liée au mouvement social des gilets jaunes, où la police avait par ailleurs été largement accusée de violences, par certains médias et personnalités politiques. Un bond des suicides au sein de la fonction avait par ailleurs été remarqué.
Les syndicats policiers craignaient aussi les conséquences du projet de réforme des retraites. Ils avaient suspendu leur mouvement, après avoir obtenu des avancées pour le maintien de leur régime dérogatoire.
2016 : prime de risque et « haine anti-flics » – En avril 2016, des milliers de policiers avaient manifesté à Paris pour réclamer l’augmentation d’une prime de risque, à la suite des attentats qui avaient touché la France quelques mois auparavant et à l’instauration de l’état d’urgence, qui nécessitait une large présence en continu des forces de l’ordre sur le terrain.
Le mois suivant, en mai, d’autres rassemblements, moins suivis, avaient également eu lieu, cette fois pour dénoncer la «haine anti-flics» lors des manifestations contre la réforme du droit du travail. En marge d’une marche contre les violences à l’encontre des forces de l’ordre à Paris, deux policiers avaient par ailleurs été attaqués et leur voiture incendiée. En octobre de la même année, une attaque aux cocktails Molotov contre quatre agents à Viry-Châtillon (Essonne) avait déclenché une série de manifestations, auxquelles ont participé des centaines de policiers. En réponse, le gouvernement avait fait voter une loi assouplissant les règles de légitime défense.
2015 : un policier blessé par un évadé – Des milliers de policiers avaient manifesté en France le 14 octobre 2015, après qu’un de leur collègue avait été grièvement blessé en Seine-Saint-Denis par un braqueur en cavale depuis une permission de sortie.
2014 : « paupérisation » des services – Plusieurs milliers de policiers avaient défilé à Paris le 13 novembre 2014 contre le gouvernement socialiste du président François Hollande, pour dénoncer «une paupérisation constante des services (et) le mal-être» dans la police.
2012 : contre la mise en examen d’un collègue – Durant plusieurs semaines, de nombreuses manifestations regroupant des centaines de policiers s’étaient succédé pour protester contre la mise en examen d’un de leurs collègues pour homicide volontaire. Le 25 avril, il avait abattu en Seine-Saint-Denis un multirécidiviste en cavale considéré comme dangereux. De vives tensions entre justice et police avaient déjà éclaté à ce moment-là, notamment autour de la notion de légitime défense. Le policier avait été acquitté en première instance puis condamné à cinq ans de prison avec sursis en appel.
2009 : la « politique du chiffre » – Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, des milliers de policiers avaient manifesté le 3 décembre contre la «politique du chiffre». Les quotas de contravention étaient particulièrement ciblés. Les agents dénonçaient également une diminution des effectifs.
2001 : deux policiers tués – Pendant deux semaines, le tiers des 114.000 policiers de France, de tous grades, avait manifesté après le meurtre de deux policiers le 16 octobre, au Plessis-Trévise (Val-de-Marne), par un braqueur récidiviste libéré alors qu’il était en détention provisoire. Quelques jours après, le 7 novembre, deux autres fonctionnaires étaient blessés dans une fusillade à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).