« Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie Russe ». Cette déclaration belliqueuse émane simplement du ministre de l’Économie français Bruno Le Maire. Lors des débuts du conflit en Ukraine en 2014, l’Union européenne avait déjà choisi de frapper Moscou avec des sanctions économiques. Une erreur.
Frappé la Russie au porte-monnaie ? Voilà l’idée des dirigeants européens et occidentaux pour punir la Russie de son attitude envers l’Ukraine. Une idée déjà expérimentée en 2014, après l’annexion de la Crimée et la situation explosive dans le Donbass ukrainien à majorité russophone.
A l’époque beaucoup de sanctions concernaient l’agriculture. La France, qui exportait de nombreux produits en Russie, s’était alors littéralement tirée une balle dans le pied. Pendant que son commerce extérieur chutait, la Russie, elle, a rapidement compris qu’elle devait se mettre à l’abri de la dépendance. Après une période difficile, Moscou a relancé son agriculture et a atteint une autosuffisance alimentaire.
Depuis les Russes se fichent largement des produits tricolores. Alors que les agriculteurs français, eux, regrettent amèrement leurs clients russes. Et cette nouvelle vague de sanctions ne devrait pas détonner. Pour l’économiste Philippe Herlin, cette fois comme il y a 8 ans, l’économie française pourrait être pénalisé:
[…] en Russie des entreprises comme Renault (marque Lada) et Alstom vont devoir plier bagage. Bruno Le Maire a dit qu’il voulait que Total quitte aussi le pays. Donc ça va plutôt peser sur l’économie française. En fait, la seule vraie façon d’attaquer l’économie russe, ce serait d’arrêter de lui acheter du gaz.
Est-ce que la France y est prête ? Est-ce que l’Allemagne y est prête ? Il y a beaucoup de parlottes là-dedans mais pas grand-chose de vraiment réel.
Ce qu’il faut savoir aussi, c’est que le Kremlin développe des liens économiques étroits avec la Chine. Ils viennent de mettre en place notamment (ou bientôt) un nouveau pipeline pour vendre du gaz. Donc bientôt, ils vendront beaucoup plus de gaz à la Chine qu’à l’Europe et peut-être dans quelques temps, ils pourront se servir du gaz qu’ils vendent en Europe comme moyen de pression, en menaçant de nous le couper. Et là les rôles seront inversés. J’aimerais voir la tête de M. Le Maire à ce moment-là.
Des sanctions relativement contre-productives, donc, qui pourraient pénaliser en priorité les pays de l’Union européenne. En revanche, les États-Unis parties prenantes à travers l’OTAN ne devraient connaître aucun effet négatif majeur. Du coté de la Russie la guerre devrait toutefois entraîner des conséquences économiques direct sur la population:
Le poids de la guerre elle-même, qui va générer des dépenses en Russie, va peser sur l’économie et forcément sur les Russes
souligne l’auteur du livre « Pouvoir d’achat: le grand mensonge ».
Et puis les sanctions vont avoir un effet immédiat, c’est clair. Donc le peuple le russe risque aussi d’être lassé de cette guerre, surtout qu’elle est organisée contre un peuple frère.
Des Ukrainiens et des Russes victimes collatérales d’une guerre qui pourtant les dépasse. Personne, par la guerre, ne devient grand.