Pour certains médecins, adopter de façon plus générale les gestes barrière « permettrait de diminuer de façon durable, voire définitive, tout un pan des pathologies infectieuses ».
Porter un masque, se laver les mains régulièrement, respecter la distanciation physique… Ces gestes barrière, recommandés pour limiter la propagation du covid, sont également efficaces contre les virus qui circulent habituellement en cette saison, comme ceux de la grippe, de la gastro-entérite ou encore de la bronchiolite.
Ainsi, cet hiver, on recense en France « seuls 10 virus grippaux détectés (9 en milieu hospitalier et 1 par le réseau des médecins Sentinelles) dans différentes régions, dont au moins 2 chez des personnes de retour d’un voyage à l’étranger », indique Santé publique France dans son dernier bulletin épidémiologique du 23 décembre, confirmant qu’il n’y a « pas de circulation active des virus grippaux », contrairement aux années précédentes à la même période. Concernant la bronchiolite, « les hospitalisations restent faibles et très inférieures à celles observées la même semaine les années précédentes », indique l’autorité sanitaire. Sur le terrain, le constat est le même. Interrogé par franceinfo, Paul-Henry Rocca, médecin généraliste à Bordeaux, souligne :
On a une diminution des pathologies infectieuses de manière générale : beaucoup moins d’angines, de pneumopathies, de rhinopharyngites… Les gastro-entérites, habituellement fréquentes, sont devenues rares.
Même constat pour la bronchiolite, une maladie respiratoire qui touche les enfants de moins de 2 ans. « En pédiatrie, ce qu’on vit n’a rien à voir avec les hivers précédents : c’est complètement inédit », a expliqué Isabelle Claudet, cheffe des urgences pédiatriques du CHU de Toulouse à franceinfo. « Actuellement, on a en moyenne entre 0 et 4 cas par jour, alors qu’on en a d’habitude entre 10 et 30. Ça fait vingt-cinq ans que je suis là et je n’ai jamais vu ça », explique la médecin. Si pour la grippe, la campagne de vaccination importante qui a été menée explique en partie le nombre restreint de contaminations recensées, pour ces autres maladies saisonnières, les médecins attribuent la baisse des contaminations aux mesures prises pour endiguer l’épidémie de coronavirus et l’incitation au respect des gestes barrière. « Les gestes barrières, les masques, les lavages de mains réguliers : cela diminue drastiquement la contagiosité virale », souligne Paul-Henri Rocca. Pour certains médecins, adopter de façon plus générale ces gestes barrière « permettrait de diminuer de façon durable, voire définitive, tout un pan des pathologies infectieuses », comme l’assure Paul-Henri Rocca. « Tous les hivers, on pense que l’épidémie de bronchiolite, c’est un peu une fatalité pour nous les pédiatres. En fait, on constate que ça n’en est pas une : il suffit de se laver les mains et de faire attention », souligne de son côté Elise Launay, pédiatre et infectiologue au CHU de Nantes. « Si on portait le masque dans les transports en commun en période d’épidémie de bronchiolite par exemple, il y aurait des milliers d’hospitalisations en moins de bébés : ce n’est vraiment pas rien », ajoute-t-elle.