Face à l’inflexibilité du gouvernement sur la réforme des retraites et à la porte restée close du président de la République, les syndicats ont l’intention d’intensifier grèves et manifestations, à quelques jours du terme du débat parlementaire.

À quoi faut-il s’attendre pour la journée de samedi 11 mars 2023 ? Au soir d’une mobilisation « historique » mardi, qui a réuni plus de manifestants que le 31 janvier, l’intersyndicale avait annoncé son intention d’écrire au président de la République pour demander à être reçus « en urgence » à l’Élysée. Les huit principaux syndicats et cinq organisations de jeunesse lui ont adressé leur demande jeudi, affirmant que l’« absence de réponse » politique au « puissant mouvement social » en cours était « un grave problème démocratique » pouvant conduire à une situation « explosive ».
Mais l’exécutif leur a déjà opposé une fin de non-recevoir, la Première ministre Élisabeth Borne les renvoyant mercredi au ministre du Travail, Olivier Dussopt. Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, a déploré « l’indifférence » et le « mépris » du pouvoir. « Quand on n’est pas écouté on accélère, on change de méthode », avait-il prévenu mardi soir. « On va amplifier les grèves jusqu’à ce qu’on obtienne satisfaction », lui a fait écho mercredi soir Sophie Binet, secrétaire générale de l’Ugict-CGT (cadres).
Toujours est-il que Philippe Martinez a renvoyé aux prochaines journées d’action, dont celle de samedi 11 mars. L’intersyndicale a en effet appelé à deux nouvelles journées de mobilisation, dont la première dès ce samedi. Tout en sachant que plusieurs secteurs sont engagés depuis quelques jours dans des grèves reconductibles : transports ferroviaires et aériens, énergie, raffineries… Alors à quoi faut-il s’attendre pour la journée de samedi ?
Des manifestations prévues partout en France
Plusieurs appels à manifester samedi ont été lancés. Dans la nuit de mercredi à jeudi, le Sénat a adopté l’article 7 du projet de loi, qui prévoit le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. « Nous n’avons plus le choix », a réagi le syndicat Solidaires dans un communiqué, appelant à « maintenir et élargir les mouvements de grève reconductibles » et à « manifester encore plus massivement » samedi et mercredi prochain.
Des manifestations sont déjà prévues dans différentes villes de l’Ouest pour samedi, par exemple au Mans ou encore à Lorient. Au niveau national, l’intersyndicale a également appelé mardi soir à deux nouvelles journées d’actions et de manifestations, d’abord samedi puis la semaine prochaine. Les parcours et horaires des principales manifestations dans les plus grandes villes de France, notamment Paris et Marseille sont déjà établis.
Les transports ferroviaires et aériens très perturbés
Dans les transports, les grèves se sont poursuivies jeudi pour un troisième jour, avec de fortes restrictions de circulation dans l’Hexagone et en Île-de-France, comme mercredi.
Ce week-end, la circulation des trains SNCF devrait être similaire à celle de ce vendredi, toujours « fortement perturbée sur l’ensemble de ses lignes ». On comptait ce vendredi près d’un train sur deux en moyenne pour les TGV Inoui et Ouigo et un train sur quatre en moyenne du côté des Intercités et deux trains sur quatre du côté des TER. Du côté des liaisons internationales, les lignes sont, elles aussi, encore perturbées (deux trains sur trois pour l’Eurostar, trois sur cinq pour le Thalys, un sur trois pour les liaisons avec l’Italie, deux sur cinq avec l’Allemagne, deux sur cinq avec la Suisse et un sur quatre avec l’Espagne). En Île-de-France, le trafic est dégradé pour les RER et Transilien. Le groupe public appelle donc les voyageurs à « annuler ou reporter leurs déplacements » prévus ce week-end.
Dans le ciel, après plusieurs journées de perturbations, la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a encore demandé aux compagnies aériennes de renoncer à 20 % de leurs vols prévus pendant le week-end dans plusieurs grands aéroports, dont Orly.
Et après ?
Les syndicats espèrent donc réussir une nouvelle journée de mobilisation samedi dans les rues pour exiger le retrait du texte. Secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger s’est gardé depuis le début de la contestation d’appeler à la grève reconductible, tablant plutôt sur de grandes journées de mobilisation, susceptibles selon lui d’influer sur le vote des parlementaires. « Il faut qu’on garde l’opinion avec nous et qu’on agisse auprès des parlementaires. Et qu’on continue à faire des grosses mobilisations samedi et le jour de la CMP, ce qui aidera à convaincre certains d’entre eux du rejet massif de cette réforme », a-t-il affirmé.
L’intersyndicale a appelé à une autre journée de mobilisation, le 15 mars, jour où sénateurs et députés tenteront de s’accorder en commission mixte paritaire (CMP) sur un texte commun, ouvrant la voie au vote dans les deux chambres dès le 16.