Macron, qui n’a obtenu qu’une majorité relative, très relative même, aux élections législatives, s’exprimait pour la première fois face aux Français, ce mercredi. La gouvernance sentirait-elle le sapin ?
Macron s’est exprimé pour la première fois depuis le second tour des législatives, lors d’une allocution télévisée, sans annonce majeure. Un potage tiède que le pensionnaire de l’Elysée a servi aux Français reconnaissant à demi-voix que la majorité qu’il avait obtenue dimanche était « relative ». Il a aussi assuré être conscient des « fractures » apparues lors de ces élections ; « fractures » dont il a sans doute oublié être en partie responsable.
Reprennent le verbiage ampoulé de circonstance à la crédibilité douteuse, le president aux yeux bleus impeccables s’obstine et s’engage dans sa tâche ménagère jupitérienne de vouloir bouleverser le modèle social actuel par des « compromis ». « J’entends et suis décidé à prendre en charge la volonté de changement que le pays a clairement exprimée » parce que « c’est mon rôle comme garant de nos institutions », a -t-il déclaré, essayant ainsi de convaincre Mme et M. Michu lors d’une allocution insipide.
« J’ai échangé hier et aujourd’hui avec les dirigeants de l’ensemble des formations politiques », a-t-il continué, et « tous ont fait part de leur respect pour nos institutions et de leur volonté d’éviter un blocage pour notre pays ». Le contraire eut été étonnant, non ?
Soulignant que le scrutin avait fait « de la majorité présidentielle la première force politique de l’Assemblée nationale » mais sans majorité absolue, « sa responsabilité est donc de s’élargir, soit en bâtissant un contrat de coalition, soit en construisant des majorités texte par texte ».
« Une volonté d’union et d’action pour la nation » ?
Pour agir dans votre intérêt et dans celui de la nation, nous devons collectivement apprendre à gouverner et légiférer différemment. En bâtissant « des compromis, des enrichissements, des amendements, mais le faire en toute transparence – à ciel ouvert, si je puis dire -, dans une volonté d’union et d’action pour la nation »
a-t-il ajouté prenant « en captivité » les Français.
Macron a mis sous pression les partis d’opposition, de la Nupes au RN en passant par LR, leur demandant « de dire en toute transparence jusqu’où ils sont prêts à aller », et ce, à courte échéance : « Il faudra clarifier dans les prochains jours la part de responsabilité et de coopération que les différentes formations de l’Assemblée nationale sont prêtes à prendre : entrer dans une coalition de gouvernement et d’action [ou] s’engager à voter simplement certains textes, notre budget. » Montre en main, en donneur de leçons il leur donne 48 heures :
Nous commencerons à bâtir cette méthode et cette configuration nouvelles à mon retour du sommet européen de jeudi et vendredi à Bruxelles
a-t-il dit, alors qu’il s’engage ce jeudi dans un marathon diplomatique qui, au-delà de cette réunion, le conduira aussi à un sommet de l’Otan et à un sommet du G7.
Enfin, le maître des horloges a annoncé que, « dès cet été », il faudra prévoir « une loi pour le pouvoir d’achat et pour que le travail paie mieux, les premières décisions pour aller vers le plein emploi, des choix forts sur l’énergie et le climat, des mesures d’urgence pour notre santé, qu’il s’agisse de notre hôpital ou de l’épidémie ». En résumé, une allocution, un bla bla qui n’a pas servi à grand chose, si ce n’est de montrer que le president se devait de répondre présent. Fragilisée, l’unité nationale est chancelante. Macron doit se préparer à affronter une violente crise, dont personne ne connaît encore la teneur.