La leader du mouvement nationaliste Fratelli d’Italia pourrait succéder à Mario Draghi à la présidence du Conseil, à l’issue des élections de fin septembre. Giorgia Meloni deviendrait également la première femme à accéder à ce poste. Pour le moment, les sondages la donnent en tête des intentions de vote.
« Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis une chrétienne », aime répéter Giorgia Meloni dans ses discours pour se définir. L’annonce du départ de Mario Draghi en juillet dernier a placé cette femme politique d’extrême droite en pole position pour lui succéder. Si elle est bien connue dans la vie politique italienne, celle que l’on compare souvent à Marine Le Pen reste encore peu connue de notre côté des Alpes.
Dès la remise de la démission de Draghi, le président Mattarella a prononcé la dissolution du Parlement, annonçant des élections législatives anticipées. Le scrutin, qui aura lieu le 25 septembre prochain, laisse peu de temps aux candidats pour convaincre les Italiens.
En cas de victoire de la coalition formée avec la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi, Giorgia Meloni deviendrait la première femme à accéder à ce poste, également l’une des plus jeunes.
Elle s’engage en politique dès ses 15 ans – Née à Rome d’un père communiste expert-comptable et d’une mère au foyer de droite, Giorgia Meloni s’est engagée en politique dès ses 15 ans. Au début des années 1990, elle rejoint l’organisation des jeunes du Mouvement social italien (MSI), parti néofasciste fondé au lendemain de la guerre dans la lignée de l’idéologie de Mussolini. Le parti deviendra quelques années plus tard l’Alliance nationale, et Meloni se verra confier la tête de l’organisation étudiante.
Elle occupe par la suite ses premières fonctions politiques en tant que conseillère de la province de Rome et présidente d’Action jeunesse, le mouvement des jeunes du parti. A 29 ans, elle devient députée, la plus jeune de sa législature, avant de devenir la plus jeune ministre de l’Histoire de la République italienne, en rejoignant le gouvernement de Silvio Berlusconi en tant que ministre de la Jeunesse.
En 2012, elle profite de la scission du parti de Berlusconi, Le Peuple de la Liberté, pour fonder avec des anciens de l’Alliance nationale son parti Frère d’Italie, du nom de l’hymne italien. Si le parti se défend de ses liens avec les idées mussoliniennes, il conserve malgré tout la flamme tricolore italienne utilisée après-guerre par les vétérans de la République sociale italienne.
Elle joue de sa figure de femme – Contrairement à Salvini, autre figure de l’extrême droite italienne, Giorgia Meloni développe une stratégie de dédiabolisation de son parti. Lors de ses prises de parole, elle met régulièrement en avant sa condition de femme. Elle insiste sur « les qualités féminines telles que ‘le sérieux, la responsabilité et le pragmatisme’ », souligne la Repubblica dans un éditorial.
Le quotidien interroge sur l’engagement réellement féministe de la candidate sur des sujets de société comme le droit à l’avortement ou l’égalité de sexes dans le monde professionnel. « De manière générale, elle conçoit un rôle pour les femmes très proche de celui promu et pratiqué dans les années 1920, centré sur la famille et la procréation », juge le journal.
Elle s’est construit une image de seule personnalité d’opposition – Les Frères d’Italie refusent de participer au gouvernement d’union nationale de Mario Draghi, aux côtés notamment du Parti démocrate, contrairement aux autres partis de droite et de centre-droite (Forza Italia, Lega ou le Mouvement 5 étoiles). Une prise de position qui a permis à Giorgia Meloni de s’affirmer comme seule figure d’opposition du pays.
A près de 40 jours des élections, le parti des Frères d’Italie est considéré comme le premier parti du pays , recueillant 24 % des suffrages, devant le Parti démocrate, donné à 21 %, selon un sondage de l’Institut Demopolis.
Elle a pour devise « Dieu, la patrie et la famille » – De confession chrétienne et très conservatrice sur les sujets de société, Giorgia Meloni déclare vouloir défendre « Dieu, la patrie et la famille ». Dans ses meetings, elle défend le modèle familial traditionnel, et critique vivement le mariage et le droit à l’adoption des couples homosexuels. En 2019, lors d’un discours sur la place San Giovanni à Rome, elle comparait les couples de même sexe souhaitant adopter à « des ogres qui volent des enfants pour les manger ».
Giorgia Meloni défend également une politique anti-immigration, en stoppant notamment l’arrivée de migrants en provenance de Libye par l’île de Lampedusa. Elle promet la défense et la promotion « des racines historiques et culturelles classiques et judéo-chrétiennes de l’Europe et de son identité ».
Elle ne défend plus la sortie de l’Italie de l’Union européenne – Bien qu’elle ait longtemps défendu la sortie de l’Italie de l’Union européenne et de la zone euro, Giorgia Meloni est revenue sur ses positions . Mais elle ne veut pas « s’agenouiller » pour autant : « Je représente la troisième voie blairienne de la droite. Je suis en Europe avec des partis qui partagent un modèle confédéral, avec des nations qui collaborent mais restent souveraines chez elles », affirmait-elle en 2020.
Dans une vidéo diffusée début août sur les réseaux sociaux, elle réagissait aux articles dans la presse étrangère qui la définissent « comme un danger pour la démocratie, pour la stabilité italienne, européenne et internationale » et se défend notamment de vouloir sortir de l’euro.
Longtemps admiratrice de Vladimir Poutine, Giorgia Meloni a changé de position après le début de la guerre en Ukraine, décrivant l’invasion de Moscou comme un « acte de guerre à grande échelle inacceptable de la Russie de Poutine contre l’Ukraine » et se prononce en faveur de l’envoi d’arme à l’armée ukrainienne.