Connaissez-vous ces candidats et partis politiques qui se sont présentés avec des programmes entièrement basés sur l’AI ? Saviez-vous que l’AI avait servi à mesurer l’impact de la loi El Khomri ?

Ces dernières années, nous avons assisté à une augmentation de l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) en politique. Les candidats et les partis se tournent vers l’IA pour analyser la data et prendre des décisions, dans le but de plaire à un public plus large. Mais qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir de la politique ? Verrons-nous des robots remplacer les “politiques humains” dans un avenir proche ?
« Vous ne faites pas confiance aux politiques ? Votez pour un robot ! »
Au cours des élections législatives danoises de 2022, le Parti synthétique a présenté un chatbot nommé Leader Lars comme candidat, dans l’espoir de remporter un siège au parlement. La plateforme du chatbot était basée sur les idées de partis politiques plus petits, et son slogan était « Si vous ne faites pas confiance aux politiques, votez pour un robot ». Bien que Leader Lars n’ait pas remporté de siège, le fait qu’un parti présente une IA comme candidat lors d’une élection nationale est une indication claire de la tendance croissante de l’IA en politique.
De manière similaire, en 2018, un candidat japonais nommé Michihito Matsuda a tenté de devenir maire de la ville de Tama en promettant de laisser l’IA déterminer les futures politiques de la ville en utilisant les données et la puissance informatique. Il n’a pas remporté l’élection non plus – 9% quand même ! – mais sa campagne montre que l’utilisation de l’IA en politique est globalisée et n’est pas limitée à un pays ou une région spécifique.
L’IA, un outil de décision pour les politiques
Bien que l’IA ne soit peut-être pas prête à remplacer les femme est les hommes politiques pour le moment, elle est un outil ultrapuissant d’aide à la prise de décision. Les algorithmes peuvent simplifier le processus d’analyse des données et des informations, permettant aux politiques de prendre des décisions plus efficaces et plus informées.
En 2016, le laboratoire d’informatique CNRS-Sorbonne Université (Lip6) a créé un logiciel qui utilise l’IA pour simuler le marché du travail et modéliser son évolution. Ce logiciel a été utilisé pour évaluer l’impact de la loi El Khomri en France, une réforme du travail visant à rendre le marché du travail plus flexible. Les résultats de la simulation ont montré que la loi aurait un impact positif sur l’emploi et les salaires.
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— François Gombert (@FrancoisG) January 25, 2023
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Le Grand Remplacement par l’IA en 2040 ?
Ben Goertzel, ancien directeur scientifique de Hanson Robotics, a prédit il y a 7 ans déjà qu’en 2040, l’IA sera à la tête du pouvoir politique. Bien que cela puisse sembler éloigné, ce n’est pas impossible. Notre devoir de communicant est de tout faire pour que l’intégration de l’IA en politique ne soit pas considérée comme un remplacement de nos élus mais plutôt comme un outil pour améliorer leur processus de décision.
En conclusion, l’utilisation de l’IA en politique est en augmentation et devrait continuer à croître dans l’avenir. Bien qu’il ne soit vraiment pas souhaitable qu’elle remplace la gestion totale de nos politiques publiques, elle peut néanmoins servir d’outil précieux à la prise de décision. En tant que citoyens et communicants publics, il est important d’être conscients de cette tendance et de la nécessité de maîtriser la puissance de l’IA en politique (et dans l’ensemble de ses utilisations).
Dans les coulisses du pouvoir
S’interroger sur la place laissée dans notre société à l’intelligence artificielle, c’est aussi se questionner sur celle qu’elle occupe dans la chaîne du pouvoir. Assistons-nous au hacking du monde politique par l’intelligence artificielle, ou bien celle-ci sert-elle des intérêts politiques et économiques déjà établis ? Pour la chercheuse australienne Kate Crawford, fondatrice du AI Institute et auteure d’un Contre-atlas de l’intelligence artificielle (Zulma, 2022), l’intelligence artificielle est déjà « une forme d’exercice du pouvoir ». Elle démontre, dans son livre, que l’IA n’est plus une technologie neutre puisqu’elle est façonnée par des données exploitées par des humains dans des contextes sociaux déjà existants.
De grandes entreprises de la Tech, de même que certains États comme la Chine, ont compris tous les avantages qu’ils pouvaient tirer de l’intelligence artificielle pour renforcer leur pouvoir. En dotant chaque Chinois d’un capital de points, le pouvoir central fait désormais le tri entre les bons et les mauvais citoyens. En mettant à profit les données personnelles récoltées, la Chine espère créer une nouvelle forme de gouvernance que certains n’hésitent pas à qualifier d’« Orwellienne ».
Adieu la Civic Tech ! La politique assistée remplacée par l’intelligence artificielle ?
Elles étaient belles les promesses de la #CivicTech, du grand débat, des consultations citoyennes à la chaîne comme le propose le site Make.org. La réalité est que l’#IA utilise les données citoyennes pour produire du contenu, des évaluations, des recommandations et est déjà installée dans les couloirs des lieux de pouvoirs qu’ils soient publics et privés. L’intelligence artificielle ne tardera pas à prendre le pouvoir à son tour si – et je ne le répéterai jamais assez – nous n’arrivons pas à maîtriser ces outils avant qu’ils ne nous maîtrisent en retour.
Je ne parle même pas de l’urgence d’un grand plan éducation IA, nous avons seulement quelques courtes années pour que nos enfants et nos jeunes comprennent les enjeux immenses de cette révolution afin qu’ils deviennent les acteurs de l’avenir et non les exécutants d’une intelligence informatique.
Quand nous voyons que le parti d’Emmanuel Macron, Renaissance, veut être le parti le plus décentralisé de France à l’image du #Web3, il est permis de s’inquiéter.
Le billet – très sérieux et complet – de politique fiction de Mathieu Chéret, « Et si l’intelligence artificielle confisquait le pouvoir aux hommes politiques » – dont je me suis très largement nourri pour cette tribune – m’inquiète plus encore. Il est ingénieur et ne fait pas de communication politique.