Après les propos du président de la République sur les non-vaccinés, les débats sur le pass vaccinal ont de nouveau été suspendus à l’Assemblée nationale.
Les groupes d’opposition ont exigé la venue dans l’Hémicycle du premier ministre, Jean Castex, afin d’expliquer les propos du chef de l’Etat, qui a déclaré, dans un entretien au « Parisien », vouloir « emmerder » les non-vaccinés.
Pour la deuxième fois en deux soirées, l’Assemblée nationale a suspendu les débats prévus sur le projet de loi transformant le passe sanitaire en passe vaccinal. « Les conditions d’un travail serein ne sont pas réunies », a déclaré, mercredi 5 janvier aux environs de 2 heures du matin, le président de séance, Marc Le Fur (Les Républicains, LR).
La décision a été prise après les propos d’Emmanuel Macron, dans Le Parisien, sur les non-vaccinés. Les groupes d’opposition, qui ont demandé une première suspension de séance peu après minuit, exigeaient la venue du premier ministre, Jean Castex, pour expliquer les déclarations du chef de l’Etat. En vain. « Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français, a déclaré M. Macron. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie. »
Nous mettons une pression sur les non-vaccinés en limitant pour eux, autant que possible, l’accès aux activités de la vie sociale. Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire : à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné…
Nous mettons une pression sur les non-vaccinés en limitant pour eux, autant que possible, l’accès aux activités de la vie sociale, explique le chef de l’Etat. Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire : à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné…
Ces propos, publiés en début de soirée, ont provoqué un tollé au sein du Palais Bourbon, en plein débat sur le pass vaccinal. Le patron des députés LR, Damien Abad, a fustigé des propos « indignes, irresponsables et prémédités » qui relèvent d’un « cynisme puéril », tandis que le président des Républicains Christian Jacob s’est « refusé à cautionner un texte qui vise à emmerder les Français ».
A l’autre bout de l’hémicycle, Ugo Bernalicis (France insoumise, LFI) a dénoncé une « crise politique déclenchée par le monarque présidentiel, qui se permet d’insulter une partie des Français ». Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, a estimé que le projet de pass vaccinal instaurait désormais une forme de « déchéance de nationalité », comme le candidat communiste à la présidentielle Fabien Roussel. Le projet de loi sur le pass sanitaire « est-il un texte pour plus emmerder, ou moins emmerder ? » les Français, s’est-il interrogé, avant la décision de suspendre définitivement l’examen du projet de loi.
Entente autour du passe vaccinal pour les mineurs
Avant cela, les députés avaient réussi à s’entendre sur l’épineuse question du pass vaccinal pour les mineurs. A la quasi-unanimité – 386 voix pour, deux contre -, ils ont fixé à 16 ans, au lieu de 12 ans, le passe sanitaire pour les sorties scolaires et les activités périscolaires et extrascolaires, mais pas les activités « privées », comme aller au restaurant.
« C’est une bonne chose pour tous les enfants et adolescents », s’est félicité le patron des députés LR, Damien Abad. La socialiste Cécile Untermaier, dont l’amendement est à l’origine du compromis, s’est réjouie de voir les députés « atterrir ensemble » sur cette question clivante.
Alors qu’il reste près de 450 amendements à étudier sur le texte, la séance est censée reprendre ce mercredi à 15 heures. Le gouvernement vise une adoption définitive du projet de loi en fin de semaine ou début de semaine prochaine, avant une entrée en vigueur au 15 janvier au plus tôt.