Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel estime que l’investiture du journaliste et militant Taha Bouhafs à Vénissieux sous la bannière de la toute récente union de la gauche pose «un problème» en raison de sa condamnation pour injure raciale. Ce dernier renonce à sa candidature.
Deux jours après la célébration en grande pompe de l’union des principaux partis de gauche pour les législatives organisées à Aubervilliers le 7 mai, les divergences se révèlent déjà sur les candidats et les investitures.
«Je ne comprends pas que La France insoumise puisse présenter quelqu’un sous ses couleurs qui a été condamné en première instance pour injures raciales», avait déclaré sur France 3 le secrétaire national du PCF Fabien Roussel au sujet de Taha Bouhafs, candidat controversé investi par LFI dans la 14e circonscription du Rhône.
Ce dernier, journaliste et militant, a été condamné en première instance en septembre dernier à 1 500 euros d’amende notamment pour injure publique, pour avoir traité la syndicaliste policière Linda Kebab d’«Arabe de service». Un jugement contre lequel Taha Bouhafs a fait appel.
«Je ne comprends pas que #LFI puisse présenter quelqu’un qui a été condamné pour injure raciale.»
— Info France 2 (@infofrance2) May 9, 2022
🗨 @Fabien_Roussel Secrétaire national du @PCF à propos de la candidature de #TahaBouhafs
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La maire PCF de la ville, Michèle Picard, qui est hostile à l’alliance de gauche, a déclaré le 4 mai qu’elle se présenterait contre lui. «Ici dans la 14e circonscription, il y a un parachutage discutable face à quelqu’un qui connaît très bien le territoire», avait-elle prévenu.
«Je comprends parfaitement la colère et la candidature de Michèle Picard et nous avons dit à La France insoumise qu’il y avait un problème, nous continuons de discuter avec eux», avait déclaré Fabien Roussel. Cette circonscription a pourtant été réservée à LFI par l’accord de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale), un point qui n’a pas échappé à l’avocat de Taha Bouhafs: «Bonjour Fabien Roussel, on peut comprendre que les jeunes Arabes des quartiers populaires qui militent contre le racisme dans la police, ça vous horripile. En revanche violer un accord électoral entraîne des conséquences lourdes», a écrit Arié Alimi sur Twitter.
Bonjour @Fabien_Roussel, on peut comprendre que les jeunes Arabes des quartiers populaires qui militent contre le racisme dans la police, ça vous horripile. En revanche violer un accord électoral entraîne des conséquences lourdes. A bientôt @T_Bouhafs https://t.co/ouKCFoSUpJ
— Arié Alimi (@AA_Avocats) May 9, 2022
Un journaliste mentionne par un ailleurs un tweet supprimé dans lequel le militant demande au PCF de «respecter l’accord qu’ils ont signé et retirer leur candidate cumularde».
Mais ce matin, il semblerait que le candidat potentiel LFI aux prochaines Législatives ait renoncé à la vie politique: «Continuez à vous battre. Pour ma part, j’ai essayé mais je n’y arrive plus», a écrit Taha Bouhafs dans un communiqué publié sur son compte Twitter. Faut-il comprendre que le journaliste militant retire vraiment sa candidature ?
— Taha Bouhafs 🔻 (@T_Bouhafs) May 9, 2022
«Je crois qu’il faut l’interpréter comme ça», a déclaré Alexis Corbière sur France 2, avant de regretter un «grand constat d’échec». Le député insoumis «prend acte» et «respecte» la décision de M. Bouhafs. «Il y a des jeunes gens issus de milieux sociaux défavorisés dans des quartiers populaires qui s’engagent», a-t-il poursuivi. «Parfois, dans leur engagement, ils ne sont pas parfaits. Nombre de gens ne subissent pas les différents procès médiatiques que Monsieur Bouhafs a subis. Et c’est cela qui m’a fait de la peine.»