La présidente de la Commission européenne déclare, dans une interview donnée aux « Échos », qu’un débat politique sera nécessaire sur le passeport vaccinal.
La campagne de vaccination contre le Covid-19 peut sembler hésitante ou cacophonique dans l’Union européenne, entre le bras de fer avec AstraZeneca, les difficultés de production, les retards… Notamment pour ces raisons, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, estime dans une interview donnée aux Échos que l’instauration d’un passeport vaccinal est « prématurée ». « Tant que tous les citoyens n’ont pas eu la possibilité de se faire vacciner, les certificats ne devraient pas être utilisés à d’autres fins », explique-t-elle. La dirigeante européenne ajoute que « ce sera un débat politique à avoir », mais qu’une alternative au passeport vaccinal, comme la possibilité de présenter un test PCR, soit toujours possible.
Concernant l’approvisionnement en vaccins, Ursula von der Leyen note que les fabricants rencontrent des soucis « dans la chaîne d’approvisionnement (…) mais aussi dans la montée en gamme pour stabiliser une production massive ». Mais de là à rendre les licences des vaccins déjà validés publiques pour que d’autres laboratoires puissent les produire, c’est un « non » catégorique.
« Le processus de production est extrêmement complexe, avec un vaste réseau de fournisseurs à maîtriser. Ce n’est pas une recette de cuisine que n’importe quel industriel peut reproduire comme cela », souligne la présidente de la Commission. « Nous perdrions cette confiance en leur [les industriels, NDLR] prenant de force des licences qui leur appartiennent. Ce qui est plus intéressant, c’est de développer les partenariats plus systématiques entre laboratoires, avec un partage contrôlé de licences, au-delà de la seule étape finale de la mise en bouteille », ajoute-t-elle. Quant aux difficultés rencontrées par AstraZeneca, la Commission européenne attend que le fabricant remplisse ses engagements : « Cela signifie livrer la totalité des commandes, même s’ils ont pour cela besoin de plus de temps. Notre but n’est pas d’avoir un conflit juridique, mais d’avoir des vaccins. » Johnson & Johnson, lui, devrait déposer en février une demande de mise sur le marché auprès de l’Agence européenne des médicaments (EMA). Curevac devrait faire de même durant le deuxième trimestre, affirme Ursula von der Leyen. Enfin, concernant le vaccin russe Spoutnik V, dont le fabricant promet jusqu’à 100 millions de doses pour le marché européen, la présidente de la Commission est sceptique. « Je me demande comment la Russie peut promettre un tel volume de doses quand la vaccination de sa propre population n’a pas progressé de manière satisfaisante. C’est un gros point d’interrogation. »