Après trois ans d’accalmie, le phénomène El Niño pourrait faire son retour cette année. Une possibilité qui inquiète les scientifiques puisqu’il pourrait mener à des vagues de chaleur records.

C’est « l’enfant terrible du climat ». Selon TF1info, le phénomène El Niño devrait faire son retour cette année, après trois ans d’absence et la présence exceptionnellement longue de La Niña, qui, elle, devrait prendre fin en mars. Une nouvelle qui inquiète les scientifiques, dans un contexte de changement climatique amplifié par les activités humaines.
Car le phénomène El Niño, contrairement à sa petite sœur « froide », s’accompagne de températures plus élevées, alors que la Terre a déjà enregistré des records de chaleur ces dernières années. Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), les huit années les plus chaudes ont toutes été enregistrées depuis 2015, les années 2016, 2019 et 2020 arrivant en tête du classement. Ainsi, en 2016, lors de la dernière apparition d’ampleur du phénomène océanique, des records absolus de températures avaient été battus avec des niveaux enregistrés à +1,2°C par rapport à l’ère préindustrielle.
Cette fois, selon les prévisionnistes du Met Office britannique, le service national britannique de météorologie, chargé des prévisions annuelles et décennales pour l’OMM, avec le retour d’El Niño « la température moyenne mondiale pour 2023 devrait se situer entre 1,08°C et 1,32°C au-dessus de la moyenne observée depuis un siècle ». Le tout avec un degré de certitude de 66%. Des prévisions qui, si elles sont confirmées, pourraient mener à des catastrophes climatiques importantes et notamment des « vagues de chaleur sans précédent ».
El Niño : « On pourrait facilement arriver à +1,4 ou +1,5°C »
Le phénomène El Niño, et sa petite sœur La Niña, sont liés au déplacement des masses océaniques du Pacifique tropical. Un épisode La Niña se produit lorsque les vents alizés se durcissent et provoquent la remontée d’eaux profondes, plus froides, dans le Pacifique, qui tempèrent la météo terrestre. À l’inverse, lors d’un El Niño, les alizées faiblissent et les eaux chaudes s’écoulent vers l’est et amorcent la phase chaude de ce que l’on appelle également ENSO. Sans explication précise, l’un ou l’autre de ces phénomènes se déclenchent tous les deux à sept ans. Au cours du XXe siècle, on a recensé 17 épisodes modérés à fort de la Niña et 23 pour El Niño.
« Un phénomène El Niño fait augmenter la température globale de 0,2°C », détaille à nos confrères de TF1info Juliette Mignot, chercheuse à l’Institut Pierre Simon Laplace. Et ce qui inquiète les scientifiques, c’est l’apparition de ce phénomène conjugué au changement climatique induit par l’activité humaine. « Quand on sait que l’année 2022 était à +1,11°C par rapport à la période préindustrielle, on pourrait facilement arriver à +1,4 ou +1,5°C juste en raison du fait qu’El Niño vient se rajouter au changement climatique ». D’autant plus inquiétant que ces trois dernières années, le globe a battu des records de températures alors « qu’on avait plutôt un phénomène de variabilité naturelle qui jouait avec nous, parce qu’on était davantage vers du froid avec le phénomène La Niña ».
« Suffisant pour atteindre un record de température globale » en 2024
Si, comme le pensent les scientifiques, El Niño venait à revenir cette année, ses effets en Europe devraient se faire ressentir durant l’été 2024. Se produisant pendant l’hiver de l’hémisphère nord, son effet peut mettre plusieurs mois à se faire sentir et l’année prochaine pourrait pulvériser les records de températures connus à ce jour. À cette période, la France pourrait connaître « un niveau de base encore plus chaud que lors d’une année sans El Niño. Les phénomènes de vague de chaleur, qui sont des transports d’air chaud qui nous viennent des tropiques, seront alors plus importants puisque ces mêmes tropiques seront eux-mêmes plus chaud en raison d’El Niño. Tout étant plus chaud, on passe les différents seuils de chaleur beaucoup plus facilement », détaille encore la scientifique.
Au niveau mondial, en cas d’El Niño intense, il est « très probable » que la hausse de la température mondiale excèdera les 1,5°C, a pour sa part estimé Adam Scaife, prévisionniste au sein du Met Office dans le Guardian. Dans le contexte du réchauffement climatique, « même un El Niño riquiqui (…) devrait être suffisant pour atteindre un record de température globale » en 2024, ont de leur côté alerté en septembre dernier plusieurs climatologues de l’université Columbia.