L’arrivée du covid-19 en france a fait tomber des pans entiers de la confidentialité et du secret médical. Le projet de loi de Dupont-Moretti s’attaque à présent au secret professionnel des avocats. Une dérive globale qui avance dangereusement.
L’État a décidément le monopole du secret. Depuis deux ans, avec la crise du covid, la surveillance des peuples a franchi un nouveau cap : contrôle des déplacements, recueil de données diverses à travers les app « Tous anti-covid » et consorts, statut vaccinal et liberté de prescrire… La vie privée des Français est désormais dénuée du secret qui lui était conférée. Un glissement vers une société de surveillance qui a suscité peu d’opposition. On s’interroge.
Pourtant le secret médical a longtemps été un totem que nul n’aurait imaginé voir voler en éclats. Une fois le pass sanitaire adopté légalement et surtout accepté aveuglément par les Français, c’est pourtant un pan intime des citoyens qui devient soumis au contrôle de l’État ou d’organismes privés et ce sans remplir l’argument sanitaire invoqué puisque l’on sait que la vaccination n’empêche pas la circulation du covid-19 à proprement parler. Une dérive qui n’a jamais soulevé le coeur de la profession d’avocat, pourtant ces derniers sont désormais directement la cible de cette escalade du flicage national. L’initiative signée Éric Dupond-Moretti dans son projet de « Loi de confiance en la justice », fraîchement votée par les députés, révolte désormais le monde de l’avocature réglementé que l’on aurait aimé entendre avant d’être directement concerné.
Depuis le jeudi 18 novembre, le texte prévoit notamment « la Suppression du rappel à la loi qui sera remplacé par un avertissement pénal probatoire et qui devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2023 ». Ce texte précise également « le renforcement de la déontologie et des procédures disciplinaires concernant les professionnels du droit (notaires, greffiers des tribunaux de commerce…) et prévoit la création de chambres de discipline ». Et dans son article 3, ce même texte indique aussi que le secret professionnel soit levé dans le cadre des activités de conseil des avocats. Autrement dit, ils pourront à terme être utilisé ou instrumentalisé contre leurs clients notamment par le biais de perquisition des cabinets. Conséquence logique pour les avocats, les clients ne pourront plus communiquer librement avec eux un peu comme les médecins avec leur patient dont le secret médical est menacé. Et si la profession pousse des cris d’orfraie après avoir été tristement silencieuse face au détournement du droit et au sabotage des libertés fondamentales, elle aurait pourtant pu se douter qu’elle ne ferait pas exception à cette envie de contrôle globale de l’État.
A quoi pouvait-on bien s’attendre lorsqu’on impose aux Français de révéler son statut vaccinal pour siroter simplement un café ? En réalité ce texte relatif à la justice n’est qu’une nouvelle représentation dictatoriale du pouvoir en place que s’arroge l’État sur la vie privée des Français sans jamais lui offrir de contrepartie. Souvent présenté comme un gage de sécurité pour les citoyens, les attaques contre les libertés et le droit au secret sont systématiquement utilisés contre la population ; une population qui reste curieusement passive face à une propagande d’État massive reposant sur l’inversion totale des valeurs. Ainsi, beaucoup en arrive à penser que le pass sanitaire est un gage de liberté, oubliant le poids du contrôle dont ils sont l’objet. C’est pourtant ni plus ni moins de la liberté surveillée et donc plus vraiment de la liberté. En conséquence, en 2022 à l’occasion de la Présidentielle, les Français devraient réfléchir à deux fois avant de voter.