Troisième dose de vaccin anti-covid, cinquième vague épidémique et dérive sécuritaire outrancière… l’actualité du méchant covid ajoute du beurre dans les épinards de Macron.
En matière de covid-19, le Sénat et le gouvernement jouent les prolongations. Jeudi dernier (28 octobre 2021) le Palais du Luxembourg a amendé le texte soumis par l’Assemblée nationale contenant la prolongation du Pass sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022. Résultat ? La date butoir est ramenée par les sénateurs au 28 février 2022 et le gouvernement devra repasser devant le Parlement s’il veut prolonger l’état d’urgence sanitaire au-delà. Prochaine étape – assez classique en cas de désaccord entre les deux chambres du Parlement – l’examen du projet de loi remanié devant une commission paritaire. Si elle ne permet pas d’aboutir à un accord, c’est l’Assemblée nationale qui aura le dernier mot. En clair, dans ce jeu parlementaire malsain où personne n’est dupe, la majorité de droite du Sénat fait mine de résister aux abus d’un gouvernement en appétit à quelques mois de la présidentielle, tandis que le parti au pouvoir (majoritaire à l’assemblée) est bien content de lui donner des atours démocratiques.
Pendant ce temps-là, le système continue de jouer sa partition et le spectre d’une reprise de l’épidémie est agité en utilisant de nouveaux indicateurs. On s’alarme donc de l’arrivée d’une « fatale » 5e vague cet automne, alors qu’on enregistre en France seulement 5 200 cas par jour en moyenne et à peu près 200 hospitalisations quotidiennes pour un total actuel de quelques 6 500 patients. On constate sans surprise une baisse de 25 % des dépistages depuis le 15 octobre, date où les tests sont devenus payants. Une conséquence prévisible qui vient à l’encontre de la gestion sanitaire en tant que tel de l’épidémie : d’un côté les vaccinés son trop souvent persuadés de ne pas pouvoir être contaminés, de l’autre les non-vaccinés ne veulent pas mettre la main au porte-monnaie déjà vidé par la crise sanitaire.
Notons que le déremboursement n’a pas rempli l’objectif de durcir la coercition en faveur de la vaccination. Le nombre de premières injections continuent de baisser et se stabilise désormais autour de 25 000 doses quotidiennes. Avec 85 % de vaccinés dans la population éligible à l’injection, on peut considérer que la stratégie du tout vaccin a comme prévu du plomb dans l’aile. Mais pas de quoi faire amende honorable pour le gouvernement, bien au contraire.
Comme avec les normes européennes, quand ça ne fonctionne pas c’est qu’il en faut davantage. Ainsi, c’est désormais la course à la 3e dose qui est lancée. La proportion de réfractaires à la piqûre devenant désormais quasi impossible à réduire, mieux vaut se concentrer sur ceux qui ont déjà cédé à la poudre de perlimpinpin de macron. La raison ? La baisse de l’immunité induite par la vaccination au fil du temps. Pour autant, rappelons que les vaccins utilisés pour la fameuse dose de rappels sont les mêmes que les premiers, tous basés sur la souche de Wuhan, née fin 2019. L’efficacité sur les variants actuels devrait donc être relative. Également au rang des chiffons rouges agités par les médias, l’explosion des urgences pédiatriques. En effet, une épidémie de bronchiolite serait en passe d’exploser ; une explosion sans doute facilité par la chute des défenses immunitaires et la mise sous cloche de la population française depuis près de deux ans. Un dommage collatéral de plus dans la gestion de l’épidémie.
Pour couronner le tout la situation dans les hôpitaux est révélatrice de la mauvaise gestion politique et sanitaire de la macronie. De nombreux soignants démissionnent excédés des efforts qui leur sont demandés depuis deux ans alors même qu’ils alertaient déjà sur leurs conditions de travail avant le début de l’épidémie de covid. Une situation particulièrement aggravée depuis et les applaudissements des uns et des autres n’ont rien changé.
En visite à l’hôpital de Blois (Loir-et-Cher), le ministre de la Santé, Olivier Véran, a même annoncé la démission de 1 300 étudiants infirmiers entre 2018 et 2021. Moins de personnel, donc moins de lits : un sur cinq de lits fermés comme l’a rapporté mercredi le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy. Concrètement, le manque de personnel a fait doubler le nombre de fermeture de lits dans les établissements publics. Face à cette situation, le gouvernement continue d’agiter des chiffres triés sur le volet pour alimenter, comme toujours, les peurs, le tout en sabordant toujours plus le système de santé et en renforçant éternellement ses obsessions de contrôle. « Tout est bruit pour qui a peur », a dit Sophocle.