Ce n’est pas encore un candidat mais il fait déjà campagne. Après un enchaînement de dédicaces aux allures de meeting politique, Éric Zemmour a été l’invité du premier opus de l’émission de Jean-Marc Morandini « Face à la rue » sur CNews.
Bain de foule et baptême du feu, le presque candidat à l’élection présidentielle, Éric Zemmour, était en déplacement à Drancy (nord-est de Paris) au cœur de la Seine-Saint-Denis où un quart de la population est étrangère selon les derniers chiffres de l’Insee. Un rendez-vous sous haute tension où le déploiement des services de sécurité – pour assurer la quiétude du plateau télévisé déambulant dans les rues – était impressionnant.
La visite de M. Zemmour a été rythmée par plusieurs rencontres; parmi les plus remarquées, un échange avec Rachida Boukris, une comptable née au Maroc et naturalisée française portant le voile. La rencontre n’avait vraisemblablement rien de fortuit puisque Cnews disposait déjà du nom complet et de la profession de l’intervenante pour l’afficher à l’écran. Pour autant, la conversation, elle, semblait spontanée. En effet, après quelques propos sur la portée et la signification du port du voile, contre lequel s’est toujours prononcé Éric Zemmour, s’en est suivi une scène singulière durant laquelle Mme Boukris a accepté de quitter son voile si M. Zemmour ôtait sa cravate, le tout animé et encouragé par un Morandini transformé en Monsieur Loyal.
Une fois chaque intervenant débarrassé de ses oripeaux, la discussion ne s’est pas pour autant terminé sur un consensus, chacun campant sans surprise sur ses positions. L’occasion pour Éric Zemmour de rappeler que son point de vue concerne toutes les religions et qu’il n’apprécie guère davantage le port de la kippa dans l’espace public que les voiles islamiques.
Naturellement, le geste de Mme Boukris – qui est actuellement menacée de mort – a suscité de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, le journaliste Pablo Pillaud-Vivien, responsable éditorial du journal « Regards », dont Clémentine Autain (LFI) est la co-directrice de la publication, a fustigé « l’infâme violence » de l’essayiste demandant la suspension pure et simple de la chaîne CNews. Rien que ça ! Le député Bastien Lachaud, un autre membre LFI, a pour sa part déploré un « show répugnant », accusant M. Zemmour de racisme et de mépris de classe. Enfin le militant à la p’tite semaine Taha Bouhafs – prétendu journaliste – avait pris les devants dans une série de tweets polémiques, qui promettaient un « squidgame » à l’occasion du passage de l’essayiste à Drancy. Une référence à l’une des nombreuses séries de la chaîne Netflix, connue pour ses scènes ultraviolentes et qui sème d’ailleurs la zizanie dans certaines cours d’école aujourd’hui. Ce dernier, candidat (LFI) déchu aux législatives a fini par supprimer ses posts.
Quelques minutes plus tard, le probable candidat à la présidentielle a visité une boucherie halal devant un maître des lieux passablement ahuri. Eric Zemmour n’aura pas eu l’occasion de visiter une boucherie traditionnelle puisque les habitants du quartier ont fini par statuer sur le fait… qu’il n’y en avait plus ! Le polémiste ajoutant qu’il ne s’agissait là que d’une adaptation au public et donc par là même une illustration du Grand remplacement qu’il dénonce avec vigueur malgré les cris d’orfraie de l’intelligentsia bien pensante de gauche ; celle-là même qui aura d’ailleurs de quoi continuer à s’indigner avec la visite d’Éric Zemmour à Drancy. En effet, face à un responsable associatif militant notamment pour les droits des LGBT et autres minorités, l’ancien journaliste politique de Cnews a tenu à réitérer les propos qui lui avaient valu condamnation il y a 10 ans, en évoquant les contrôles de police au faciès ciblant les personnes d’origine étrangère. Éric Zemmour a réaffirmé que la pratique était normale dans la mesure où c’était « dans cette population qu’il y avait le plus de délinquance », ajoutant avec un courage certain qu’on ne le ferait pas taire et qu’il était favorable à la suppression du poste de défenseur des droits. A plusieurs reprises ce déplacement aux allures de campagne semblait tendu. De quoi penser que la visite d’Éric Zemmour en Seine-Saint-Denis était plus facile à organiser avant l’officialisation de sa candidature à la présidence de la République. Candidature à suivre…