Chaque mardi, dans les travées de l’Assemblée nationale, un spectacle bien rôdé se met en scène : des postures, des cris, des invectives. Les députés s’affrontent, le Premier ministre réplique, et les médias relaient ce cirque avec une attention quasi-religieuse. Pourtant, derrière cette façade de démocratie vivante, c’est une toute autre réalité qui se dessine. Celle d’une caste, celle de politiciens parasites, dont le véritable objectif semble être la préservation de leurs privilèges, bien loin des préoccupations des Français.
Au centre de cette comédie tragique, une poignée d’élus qui, chaque jour, nous rappellent qu’en politique, le talent d’illusionniste est plus important que la sincérité ou l’engagement. Parmi eux, Michel Barnier, figure éminente du paysage politique français, joue son rôle à la perfection. Nouveau Premier ministre, il incarne à lui seul le paradoxe d’une élite déconnectée des réalités, mais parfaitement ancrée dans le système. Un système qu’il connaît par cœur, et qu’il manie avec une dextérité à faire pâlir d’envie les plus grands prestidigitateurs.
Lors de son discours de politique générale, Michel Barnier a su répondre avec finesse à ses prétendus adversaires. De Gabriel Attal (Renaissance) à Mathilde Panot (LFI), en passant par Éric Ciotti (UDR), chacun a eu droit à sa petite pique bien ciselée, à sa réplique soigneusement polie. Pourtant, ce qui aurait dû être une véritable confrontation d’idées, une bataille de visions pour l’avenir de la France, s’avère n’être qu’un exercice de style, où les coups, bien que brillamment portés, n’ont en réalité que peu d’impact.
Car que ce soit à droite ou à gauche, l’opposition au gouvernement Barnier n’est qu’une façade. Un jeu d’apparences où l’on feint de se disputer pour mieux cacher une réalité bien plus dérangeante : il n’y a pas de véritable opposition en France. Les grands partis, RN et NFP en tête, se contentent de jouer leur rôle dans cette mise en scène politique. Ils gesticulent, crient à l’injustice, mais ne prennent aucune action réelle pour provoquer le changement.
Prenons l’exemple des fameuses motions de censure. Après la nomination de Michel Barnier, de nombreux leaders politiques, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, avaient promis de s’y opposer farouchement. Mais lorsque l’occasion s’est présentée de déposer une véritable motion, cette menace est restée lettre morte. Pourquoi ? Parce que, dans les faits, ces opposants autoproclamés sont plus intéressés par le maintien du système que par son renversement.
📢 Motion de censure déposée par @BorisVallaud, @MathildePanot, @Cyrielle_Chtl, @AndreChassaigne et 188 députés, en application de l'article 49 alinéa 2 de la Constitution.
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) October 4, 2024
🗓️ La date de son examen sera déterminée ultérieurement par la Conférence des présidents.#DirectAN pic.twitter.com/J4wqIEuXT4
Le RN et le NFP auraient pu s’allier pour faire tomber le gouvernement. Ils ne l’ont pas fait. Ils préfèrent le confort de l’opposition, cette position si pratique où l’on peut critiquer sans jamais avoir à assumer de responsabilités concrètes. Ce refus d’agir dévoile une triste vérité. La véritable lutte des idées n’a pas lieu au sein de l’hémicycle. Elle se joue ailleurs, dans des salons feutrés où l’on décide des grandes orientations du pays bien loin des regards du peuple.
Une élite déconnectée, mais bien protégée
Et que dire des privilèges dont ces élus continuent de bénéficier ? Alors que Michel Barnier appelle les Français à l’austérité, à des « efforts nécessaires » pour combler le déficit public, il omet de rappeler que lui et ses pairs continuent de percevoir de gros salaires, agrémentés de multiples avantages. Si ces « représentants du peuple » avaient un minimum de cohérence, ne devraient-ils pas commencer par réduire leurs propres émoluments avant de demander des sacrifices à ceux qui peinent à boucler leurs fins de mois ?
C’est là que le masque tombe. Cette élite politique, qu’elle soit au gouvernement ou dans l’opposition, ne représente plus le peuple, mais ses propres intérêts. Et cette réalité est d’autant plus flagrante lorsqu’on observe l’absence de réformes significatives pour améliorer la vie des Français, en dehors des sempiternels discours et des promesses électorales creuses.
L’illusion démocratique
En définitive, la politique française actuelle fonctionne comme une grande illusion. Les débats passionnés, les discours enflammés, les coups de théâtre parlementaires ne sont que des leurres destinés à donner l’impression d’une démocratie vivante. En réalité, tout est parfaitement orchestré pour maintenir le statu quo. Les partis dits « d’opposition » ne sont là que pour offrir l’illusion du choix, tandis que ceux qui détiennent réellement le pouvoir – les ultra-riches et les grandes entreprises – continuent d’influencer les décisions en coulisses.
Ce n’est donc pas un hasard si les décisions les plus importantes, à l’exemple de l’extension de la vidéosurveillance par reconnaissance faciale, passent presque inaperçues. Alors que l’attention des médias et du public est monopolisée par les querelles politiques superficielles, des réformes fondamentales sont mises en place sans véritable débat, modifiant insidieusement le contrat social qui unit les Français à l’État.
Un réveil citoyen nécessaire
Le bal des illusionnistes politiques continuera tant que les Français accepteront de jouer le rôle de spectateur. Il est temps de comprendre que la véritable opposition ne viendra pas des partis qui se partagent les sièges au Parlement. Le changement ne viendra que d’un éveil citoyen, d’une prise de conscience collective que les dés sont pipés, et que le système actuel sert avant tout les intérêts de ceux qui en tirent les ficelles.
Pour que la démocratie redevienne une réalité et non un spectacle, il faudra que les Français cessent d’être dupes. Il est temps de refuser ce rôle de figurant et de reprendre la main sur le destin politique du pays. Le pouvoir appartient aux Français – encore faut-il qu’il réalise qu’il en a les moyens.