La cocasse comédie politique de Kervern et Delépine, un triangle amoureux transcendant, le nouveau film horrifique du réalisateur de Rec… Que faut-il aller voir au cinéma cette semaine ?
En même temps, comédie de Gustave Kervern et Benoît Delépine (1h46) – Ensemble. Kervern et Delépine ont pris le slogan au pied de la lettre. Dans leur film, deux élus que tout oppose se retrouvent collés l’un à l’autre. On se dit que la convergence des luttes a des effets pervers. Ça n’est pas tout à fait exact. Ils ont été victimes de militantes féministes qui les ont surpris dans un bar à hôtesses. Le maire de droite tâchait de convaincre le militant écologiste de voter pour son projet de parc d’attractions. Les voici donc scotchés dans une position on ne peut plus ambiguë. À partir d’un présupposé absurde, Gustave Kervern et Benoît Delépine décrivent une France perdue, soulèvent les dessous de la politique, avec une grâce souriante, une invention jamais démentie, les haussements d’épaules d’un Mocky qui aurait troqué la rage contre une bonhomie enjouée. Il faut préciser que les acteurs leur sont d’un secours inespéré.
Contes du hasard et autres fantaisies, drame de Ryusuke Hamaguchi (2h01) – En une poignée de films et d’années, Ryusuke Hamaguchi, 43 ans, s’est taillé une belle réputation, devenant la coqueluche des festivals internationaux tout en élargissant son cercle d’admirateurs. Jusqu’au triomphe de Drive my Car, propulsé à Cannes avant d’achever sa course fulgurante aux Oscars. Contes du hasard et autres fantaisies, constitué de trois histoires, rappelle que le cinéaste japonais aime expérimenter les modes narratifs. Hamaguchi remet sur le métier ses thèmes de prédilection. Le hasard, l’amour, l’amitié.
Le premier segment explore un triangle amoureux quand une femme comprend que son amie sort avec son ex. Un quiproquo est aussi au cœur de la troisième histoire qui imagine un virus informatique et un retour au courrier postal. Hamaguchi transcende ces duos par un art du dialogue vertigineux. Chaque conversation charrie son lot de non-dit, de double sens, de malaise.
Abuela, film d’horreur de Paco Plaza (1h40) – Une vieille dame boit un thé derrière la vitre d’un café madrilène. Chignon impeccable, veste pied-de-poule, cette grand-mère aristocratique attend avec une certaine impatience. Elle relève sa manche et regarde sa montre. Soudain, la montre s’arrête. Revenue dans son appartement, elle découvre sur le tapis de son salon le corps sans vie d’une autre grand-mère. Elle sourit. Une jeune femme nue surgit à contre-jour d’une autre pièce. Blonde, désirable, elle s’approche de la douairière. Soudain, les deux femmes s’enlacent en riant et le titre Abuela s’inscrit en lettres jaunes, chic et suranné…Considéré comme l’un des maîtres du cinéma d’horreur espagnol, le cinéaste Paco Plaza est le réalisateur de la saga d’épouvante Rec. Même s’il traite toujours de possession, son nouveau film est beaucoup plus soigné sur le plan cinématographique. La thématique de la vieillesse et de la transmission (aussi horrifique soit-elle) habite la trame de ce long-métrage aux plans étudiés.