Sous couvert d’en même temps intempestifs, le président de la République accumule les conflits. Gilets jaunes, Covid-19, syndicats… Le petit pion des cabinets de conseil est devenu chef d’orchestre d’une symphonie discordante. Entre précarité, violence et cynisme, les Français vivent dans la peur.

Les Français ont peur. Une étude, dite « baromètre sécurité des Français » réalisée par Fiducial Odoxa pour le Figaro, donne un état des lieux des menaces ressenties par la population française. Le tableau est particulièrement sombre. La première des menaces qui persiste chez les Français et celle du terrorisme avec 39 %, quand celle des violences issues des manifestations se hisse à 38 %, mouvement social en cours oblige. Et pour cause, qui dit manifestations de masse, dit aussi violence, soit par des groupes radicaux organisés venus en découdre, soit par la Police en civil venue discréditer les revendications, soit un peu des deux.
87 % des Français interrogés estiment d’ailleurs que les manifestations contre la réforme des retraites peuvent dégénérer en heurts, échauffourées voire pour certains en guerre civile. L’inflation semble être à l’origine d’affrontements pour 78 % des sondés et le prix galopant de l’énergie pour 76 %. Seulement 50 % l’envisage pour le carburant. Un sujet explosif qui avait mis le feu aux poudres avec les Gilets jaunes en 2019.
Près d’une personne interrogée sur deux craint également des violences de type cambriolages et agressions. Une tendance logique si l’on se donne la peine de consulter les chiffres du ministère de l’Intérieur publié le 31 janvier. Un rapport qui débute par le constat suivant : en France, la quasi-totalité des indicateurs de la délinquance enregistrés est en nette hausse en 2022 par rapport à l’année précédente. Un bilan inquiétant illustré par des hausses à (presque) tous les niveaux : coups et blessures volontaires, violences sexuelles, trafic de stupéfiants, mais aussi – signe d’une période de déclin – l’augmentation de 8 % des escroqueries et de 30 % des vols d’accessoires sur l’automobile.
La progression de la délinquance invite au serrage de vis sécuritaire qui ne devrait, dans le meilleur des cas, que colmater les brèches. Emmanuel Macron affirme ainsi vouloir doubler la présence policière d’ici à 2030. Dans 7 ans, il ne sera plus là – à priori – pour rendre des comptes ! D’autant qu’une augmentation des effectifs pose de sérieuses questions. Il s’agit toujours d’un juste équilibre de savoir ce dont on manque et ce qu’il y a en trop.
Reste que les Français interrogés sont, pour plus de la moitié d’entre eux, favorable à plus de Police. On peut les comprendre. La confiance dans le gouvernement pour faire face à la délinquance est faible, avec 29 % des sondés plutôt confiant au cours des dernières semaines quant à la capacité de l’exécutif à faire face à la délinquance et 70 % moins confiants. Les chiffres sont à l’équilibre concernant le risque terroriste avec 53 % pour les moins confiants et 44 % plutôt confiants.
Enfin, et c’est peut-être là le plus inquiétant, l’immense majorité des sondés se dit favorable à l’usage de caméras de surveillance et au recours à l’intelligence artificielle pour assurer la sécurité. Les restrictions des libertés de la « période Covid » n’auront donc pas vraiment servi d’exemple suffisant en matière de dérive face à une population résolument décidé à saborder sa liberté sur l’autel d’une très hypothétique sécurité. Une sécurité « supposée » qui est placée entre les mains d’un seul homme et de ses équipes. À la fois grand architecte du chaos en cours et pourvoyeur de solutions pansements, Emmanuel Macron s’inscrit dans une logique du pire et rebondit à chaque crise tirant ainsi profit des divisions de ses adversaires, qu’ils manipulent avec brio. Dans tout cela, il faudra faire les comptes dans 4 ans… Dans 4 ans.