Si vous êtes une odieuse clopinarde moulée dans un soutien-gorge La Perla, vous êtes vraiment une Parisienne. Enfin… d’après les dires de la ‘tite « Emily » in Paris. [Décryptage]

Ca faisait longtemps qu’une série américaine n’avait pas réussi le grand chelem des stéréotypes. Mais fort heureusement, l’honneur du bon goût est « sauf » grâce à « Emily in Paris ». Ladite série, abondamment « guimauvée » par Netflix, cumule presque tous les clichés relatifs à la capitale française, sans vraiment trop d’efforts. Un béret vissé sur la tête ici, un camembert dans un sac à main là, des clopes en veux-tu, en voilà (même en guise de déjeuner), des triangles amoureux, des chefs obsédés par la cuisson des viandes ?! (bah oui) et autres conciergeries désagréables… Bienvenue dans le Paris mèèèrveilleux d’Emily, ce monde qui conjugue les formulations surannées d’hier avec les thématiques idiotes d’aujourd’hui, en version Instagrammable.
La ’tite du Midwest, à la naïveté sans frein, s’est donc installée à Paris, depuis bientôt trois saisons, dans une chambre de bonne (un T3 en vrai). Elle (ouvrez les guillemets) « travaille » au sein d’une agence de marketing où règne sexisme et méchanceté impitoyable. De quoi faire couler son mascara Dior ? Ce qui ne l’empêche pas de déployer son courage télégénique et un puritanisme dégoulinant face à des publicitaires moches et acariâtres.
S’il est un vrai cauchemar existant dans notre propos, c’est de mater cette série. Emily, en cliché débile sur pattes, réduisant les femmes françaises à d’infâmes idiotes snobinardes, sac Birkin à la saignée, stiletto de 12 avec, en prime, quelques rires forcés, aurait pu être distrayante pour ne pas dire amusante, si la série n’avait servi que quelques épisodes. Mais une énième saison (le 21 décembre 2022) va bouleverser le petit écran, devant la réalité et la dureté du monde; celui qui gémit de toute part. Évidemment, la caméra ne s’aventurera jamais Porte de Clignancourt, encore moins Porte de la Chapelle. La galère, les emmerdements au quotidien d’une population qui vit dans la misère n’est pas très photogénique.
La course à la popularité sur les réseaux sociaux est plus que jamais d’actualité. Le porte-monnaie de Netflix l’a bien compris. Emily ne se contente donc pas d’être une fausse Parisienne, elle a également l’intelligence relative d’être une influenceuse. À l’heure où la caste en perte de vitesse propose des contenus toujours plus travaillés, innovants, créatifs voire inspirés, Emily, elle, se contente de selfies et autres boomerangs.
Outre-Atlantique, pour illustrer cette bêtise, le média Vulture a eu l’outrecuidance de questionner trois influenceuses sur le sujet. Si les jeunes femmes sont globalement mesurées, voir un tantinet jalouses (c’est de bonne guerre, quoique) elles ne manquent pas de dénoncer le caractère outrancier et dangereusement stéréotypé d’Emily :
Bien sûr, toutes les Parisiennes s’assoient en terrasses de café, elles portent du rouge à lèvres (rouge), elles fument…
en commentaire d’un autre post, Monica s’esclaffe :
Mais qui a créé ce show ?
la journaliste de lui répondre : « Darren Star » (le scénariste de Sex and the City)
La jeune femme est alors surprise :
Le scénariste nous avait habituées à bien mieux.
Si l’inconsistante série n’ambitionne pas de jouer la carte sociétale, il y a tout de même des limites au ridicule. On dit que « la personne humaine, libre et créatrice façonne le beau et le sublime, alors que les masses restent entraînées dans une ronde infernale d’imbécillité et d’abrutissement. » Dans le cas présent, c’est à méditer.