Et si Macron quittait définitivement l’Elysée dans deux semaines ?! Hypothèse peu probable mais que beaucoup de Français appellent de leurs vœux.
Le président de la République est dans une zone de turbulences. Juste après le scandale McKinsey, le journal l’Humanité a lâché mardi soir une petite bombe, une enquête sur le patrimoine du président-candidat. Les journalistes Jean-Baptiste Rivoire et Gauthier Mesnier dévoilent ainsi des soupçons pesant sur la banque Rothschild qui aurait versé une partie de la rémunération de l’actuel président de la République dans un trust à l’étranger du temps où, en 2012, il avait été l’artisan principal du rachat de la branche nutrition infantile de Pfizer par Nestlé.
L’opération aurait rapporté à la banque entre 45 et 135 millions d’euros, dont 5 à 10 millions pour Emmanuel Macron ; de l’argent dissimulé dans des paradis fiscaux. Selon une source de l’enquête, la banque franco-britannique Rothschild aurait même passé un accord avec Bercy pour que les honoraires de ses associés-gérants ne soient pas forcément fiscalisés en France.
Un tour de passe-passe habilement mené, presque irréprochable du point de vue de la loi, car le trust ne serait pas au nom de Macron. Mais il pourrait en revanche tomber dans le délit d’omission d’une partie de son patrimoine au sujet de sa déclaration sur l’honneur. En février, le président sortant déclarait en effet un patrimoine net d’à peine plus de de 500 000 €. La case « compte(s) bancaire(s) à l’étranger » est bien entendu vide.
Un scandale qui couvait puisque tout le monde s’interrogeait sur le patrimoine du pensionnaire de l’Elysée sans que les grands titres ne s’en fassent l’écho. Des scandales face auxquels la communication présidentielle consiste à qualifier toute accusation de complotisme ou d’incompréhension; de quoi renforcer son propre camp, toujours sûr de lui-même, et persuadé de constituer une véritable élite mais aussi de renforcer le rejet par les opposants.
Du côté des études d’opinion, Macron ne semble pas grandement menacé. Selon un nouveau sondage Sopra Steria commandé par franceinfo / Le Parisien – Aujourd’hui en France daté du 28 mars, Le Candidat. est en baisse, certes, mais donné à 27,5 %. Marine Le Pen est à 18,5%, Jean-Luc Mélenchon à 15,5%, Éric Zemmour à 11,5% et Pécresse à 10 points. Derrière Yannick Jadot pour Europe-Ecologie les Verts est accrédité à 6% et aucun autre candidat ne semble en mesure d’atteindre les 5%.
Les chiffres semblent encore être alignés pour le président, mais pointe ici et là un peu d’agacement et ses équipes déplorent un manque crasse de dynamisme. Sur la défensive, Macron en déplacement à Dijon, s’en est pris mardi à la violence supposée de certains de ses concurrents ; comme pour sa réflexion sur les prothèses auditives qu’il conseillait à Éric Zemmour. Cette fois encore l’invective visait probablement Éric Zemmour, mais pouvait aussi s’appliquer à Jean-Luc Mélenchon. Une manière de se placer en candidat anti-extrême:
[…] Ceux qui perdent leurs nerfs, en étant violent, en étant dans l’invective, en étant dans la menace, en étant dans l’insulte, sont mauvais pour la démocratie et la République, quel que soit le projet qu’ils portent. Parce qu’il justifie ce dont après ils viennent déplorer les conséquences.
Une petite musique centriste, victimaire et moralisatrice alors que dimanche dernier c’est Jean-Luc Mélenchon [à Marseille] qui l’a renvoyé dos à dos avec Marine Le Pen:
[…] Ah mais je ne confonds pas M. Macron et Mme Le Pen ! C’est pas ça que je suis en train de vous dire. Mais je sais aussi qu’il y a une différence. Monsieur Macron, c’est le programme économique de Madame Le Pen plus le mépris de classe. Madame Le Pen, c’est le programme économique de Monsieur Macron plus le mépris de race.
La ficelle peut paraître grosse mais à mesure que les scandales s’épaississent autour de Macron, cette rhétorique peut payer. Une surprise d’ampleur n’est pas complètement impossible, que ce soit un second tour avec Mélenchon contre Macron ou encore plus spectaculaire et encore plus improbable un second tour Le Pen – Mélenchon. Si les sondages étaient vraiment pipés ce serait même Éric Zemmour qui pourrait se mettre à rêver d’un second tour. Bref, beaucoup de « si » donc, mais pour l’heure Macron demeure le grand favori de ces élections et les sondages pour la présidentielle ont toujours tapé juste depuis le petit séisme de 2002.