Un concours international d’architectes, un soutien fiscal aux dons et un projet de loi pour une souscription nationale: le Premier ministre a annoncé une série de mesures pour tenir le défi immense de reconstruire Notre-Dame de Paris en cinq ans lancé la veille par Emmanuel Macron.

Le Premier ministre Edouard Philippe détaille les mesures pour la reconstruction de Notre-Dame lors d’une conférence de presse après le conseil des ministre, le 17 avril 2019 à Paris I AFP / ludovic MARIN
C’est un défi immense, une responsabilité historique, le chantier de notre génération et pour les générations qui nous succèderont, a déclaré Edouard Philippe à l’issue d’un Conseil des ministres entièrement dédié à la reconstruction de Notre-Dame ravagée par un incendie lundi soir, et pour laquelle toutes les cathédrales de France ont sonné mercredi à 18h50. Emmanuel Macron a présidé à 16h00 à l’Elysée une réunion pour le lancement de la reconstruction, aux côtés de M. Philippe et de personnalités.
Nous rebâtirons la cathédrale plus belle encore et je veux que ce soit achevé d’ici cinq années, avait déclaré dans une allocution télévisée mardi soir le chef de l’Etat, qui avait annulé lundi en catastrophe, en raison de l’incendie, son intervention en réponse à la crise des « gilets jaunes » et au grand débat.
Cet objectif marque la volonté de porter un projet ambitieux pour montrer que cette reconstruction est un impératif collectif, a justifié Edouard Philippe alors qu’on lui faisait remarquer que la date visée coïncide avec l’échéance des Jeux Olympiques de 2024.
La France est au rendez-vous, l’Etat sera au rendez-vous, la mobilisation a d’ailleurs déjà commencé, a-t-il ajouté en référence à la vague d’émotion planétaire suscitée par l’incendie et à l’afflux inédit de centaines de millions d’euros de dons pour financer la reconstruction.
Edouard Philippe a annoncé un projet de loi pour donner un cadre légal à ces dons, avec en particulier une réduction fiscale dérogatoire de 75% pour ceux de particuliers jusqu’à €1.000, contre 66% au-delà de cette somme, tandis que les entreprises bénéficieront des réductions d’impôts, dites de mécénat, dans les conditions actuelles. Concernant la flèche effondrée, un concours international d’architectes sera lancé.
Il devra trancher la question de savoir s’il faut reconstruire une flèche, s’il faut la reconstruire dans les mêmes conditions, à l’identique de celle imaginée par Eugène Viollet-le-Duc au 19e siècle, ou s’il faut (…) se doter d’une nouvelle flèche adaptée aux techniques et enjeux de notre époque.
Connaît-on le coût total du chantier de reconstruction du monument historique le plus visité en Europe (12 millions de touristes en 2017) ?
Non, a-t-il répondu laconiquement.
Polémique « minable »
Loin de la trêve dans la bataille politique voulue par certains partis, Manon Aubry, toujours la même, tête de liste France insoumise pour les élections européennes, a estimé que le plus simple (pour ces entreprises) serait déjà de payer leurs impôts, plutôt que de médiatiser des dons défiscalisés à 60%.
Polémique « minable », a rétorqué le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.
Opposer les vieilles pierres aux hommes c’est ridicule dans la mesure où ces pierres nourrissent les hommes, avec les années de travail assurées par ce chantier aux tailleurs de pierre, couvreurs et charpentiers, a défendu Stéphane Bern, l’animateur de télévision chargé de la mission du patrimoine.
Le chantier dans ce bijou de l’art gothique, qui faisait l’objet d’importants travaux depuis plusieurs mois, s’annonce titanesque. Après 15 heures de mobilisation de quelque 400 pompiers, les portes ouvertes de Notre-Dame ont dévoilé une scène de désolation: en s’effondrant, le toit, la charpente et la flèche ont jonché l’intérieur de la cathédrale de monceaux de débris calcinés. Les deux tours emblématiques de la façade ouest ont en revanche été épargnées, et le coq de la flèche a été retrouvé. La couronne d’épines et la tunique de Saint Louis, deux objets extrêmement importants pour les catholiques, ont pu être sauvées, comme plusieurs oeuvres d’art, mais certaines n’ont pas pu être déplacées et restent étroitement surveillées par les pompiers.
Globalement, la structure tient bon mais des vulnérabilités ont été identifiées notamment au niveau de la voûte, selon le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Laurent Nuñez.