Avec une intersyndicale unie pour la première fois depuis 12 ans, la mobilisation contre la réforme des retraites s’annonce « très forte » lors de la première journée ce 19 janvier selon les syndicats et le gouvernement. Elle devrait ainsi impactée de larges pans de la société.

Les principaux syndicats sont unanimement opposés à cette réforme qui vise à reporter progressivement à 64 ans l’âge de départ à la retraite, au lieu de 62 ans actuellement, tout en accélérant l’allongement de la durée de cotisation. Alors à quoi faut-il s’attendre dans l’éducation nationale, les transports, à la pompe ou à l’hôpital ? Tour d’horizon des différents secteurs, dont certains pourraient durcir le mouvement après le 19 janvier.
Dans les transports, l’intersyndicale à la SNCF composée de la CGT, l’Unsa, SUD et la CFDT affiche son « opposition totale au recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans accompagné d’une hausse de la durée de cotisation ». Ils appellent à une grève « puissante », pour marquer les esprits avec une « journée coup de poing ».
Les prévisions de trafic seront communiquées par la SNCF la veille de la grève, mais on peut déjà s’attendre à un « jeudi noir ». D’autres journées de mobilisation pourraient suivre : « nous nous déterminerons en fonction de l’ampleur de la mobilisation », a indiqué à BFMTV Didier Mathis, secrétaire général de l’Unsa-ferroviaire, deuxième syndicat de la SNCF.
À la RATP, l’objectif d’une journée noire est le même pour les syndicats unis (CGT, FO, Unsa, CGC). Interrogé par BFM Paris, Grégoire de Lasteyrie, vice-président d’Île-de-France mobilités craint que « les syndicats essayent de perturber au maximum la vie quotidienne des franciliens pour créer une sorte de ras-le-bol autour de cette réforme. On annoncera les plans de transport la veille », explique-t-il, appelant les salariés à télétravailler lorsque c’est possible.
Dans le domaine des carburants, la branche Pétrole de la CGT appelle à plusieurs jours de grève dans un communiqué : le 19 janvier mais aussi le 26 janvier pour une durée de 48 heures et le 6 février pour une durée de 72 heures. L’appel entraînera des « baisses de débit » et « l’arrêt des expéditions », a précisé Éric Sellini, coordinateur national du syndicat pour TotalEnergies. Face à cette menace, Élisabeth Borne a appelé les syndicats à « ne pas pénaliser les Français ».
A l’hôpital, des soignants pourraient également se mettre en grève, mais ils seront tout de même à leur poste. Ce mouvement risque toutefois de peser sur l’accueil des patients notamment aux urgences. L’annonce de la réforme des retraites vient s’ajouter à un malaise profond autour des conditions de travail et des salaires malgré les revalorisations actées par le Ségur de la Santé.
Dans l’Éducation nationale, les parents pourraient être confrontés à la fermeture de nombreuses classes. La FSU, première fédération syndicale enseignante, a déjà lancé un appel à la mobilisation le 17 janvier, sur les salaires, les conditions de travail et la voie professionnelle. L’organisation se joint aussi à la grève générale du 19 janvier. « Il va y avoir de nombreux professeurs » mobilisés dans les collèges et les lycées selon la syndicaliste Sophie Vénétitay (SNES-FSU) interrogée dimanche 15 janvier sur BFMTV.
L’appel à la grève devrait donc être très suivi notamment dans les lycées professionnels. Par ailleurs, plusieurs mouvements de lycéens appellent à participer à la journée d’action. Parmi eux : la Voix lycéenne (VL), la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) et le Mouvement National Lycéen (MNL). Des blocus de lycées sont notamment attendus.
Comme le rappelle la Voie lycéenne, une autre journée d’actions est prévue le samedi 21 janvier. Ce jour-là aura en effet lieu une manifestation avec, pour slogan, « la jeunesse prend la rue ! », à l’appel de 13 organisations, dont le NPA Jeunes ou les Jeunes Insoumis
Une pétition en ligne lancée par les syndicats
Dans la fonction publique, un rare front syndical s’est formée contre une réforme des retraites jugée « injuste et inutile ». Dans un communiqué commun, les huit organisations syndicales représentatives de la fonction publique « exigent du gouvernement le retrait de son projet de reporter l’âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans et d’augmenter la durée de cotisation ».
« Les améliorations évoquées des droits des agents et agentes par la mise en place d’une retraite progressive dans certains cas, la conservation des droits liés au service actif et désormais leur portabilité, ne peuvent en aucun cas compenser le recul de l’âge d’ouverture des droits à la retraite ou l’allongement de la durée de cotisation », affirment-elles.
Les policiers pourraient également rejoindre les cortèges. « Il n’est pas question que les policiers travaillent plus longtemps », prévient Synergie-Officiers, une des composantes de l’intersyndicale de la police nationale qui appelle à une mobilisation massive le 19 janvier. La réforme prévoit un départ à taux plein repoussé de deux ans à 59 ans avec le maintien de la possibilité de partir à 57 ans avec une décote de 5% par an avant 59 ans. Une perspective rejetée en bloc par les policiers qui mettent en avant l’usure extrême due au métier.
Une pétition en ligne lancée par les syndicats sur le site change.org contre une réforme « injuste et brutale » avait dépassé dimanche 15 janvier en fin de matinée les 330.000 signataires, selon la CGT.