Le sauvetage de l’humanité, les tribulations d’une jeune fille, un scandale sanitaire…Que faut-il voir cette semaine au cinéma ? Découvrez la sélection cinéma de Quotidien Libre.
Dune , un film de science-fiction de Denis Villeneuve (2h36) – Comment réussir là où les autres ont échoué ? De quelle manière raconter une nouvelle fois l’odyssée de Paul Atréides sur la désertique planète Arrakis, autrement appelée Dune, comme s’il s’agissait d’un récit homérique ? En adoptant des stratégies contre-intuitives. En préparant son coup longtemps à l’avance.
Fasciné depuis l’adolescence par la saga d’anticipation messianique imaginée en 1965 par Frank Herbert, le cinéaste québécois Denis Villeneuve semble avoir patiemment attendu son heure. Il a étudié de près les différentes tentatives d’adaptation de ce monument de la science-fiction. Il sait que dans les années 1960, le producteur de La Planète des singes, Arthur P. Jacobs, s’est intéressé au projet, envisageant David Lean (Lawrence d’Arabie) pour le mettre en scène. Il a suivi le fascinant échec de la version mort-née imaginée en 1975 par le réalisateur chilien Alejandro Jodorowsky. Nul doute qu’il aura visionné le passionnant documentaire ayant ressuscité cette incroyable aventure, Jodorowsky’s Dune (2013). Villeneuve a également tiré les conséquences du semi-échec commercial et critique du Dune de David Lynch. Sorti en 1984, ce « grand film malade » comme dirait Truffaut, produit en dépit du bon sens par Dino De Laurentiis et sa fille Raffaella, est devenu culte pour une génération de cinéphiles.
Quand, après le succès critique de Blade Runner 2049, il accepte de relever le défi d’une nouvelle adaptation de ce roman-univers réputé inadaptable, il sait qu’il joue gros. En sortant de la salle, on comprend mieux pourquoi le Dune de Villeneuve est une grande réussite. C’est un judicieux palimpseste qui synthétise avec finesse les précédentes versions cinématographiques.
Les Amours d’Anaïs, une comédie romantique de Charline Bourgeois-Tacquet (1h38) – Quel tourbillon ! Elle trotte. Elle court. Elle a un débit à la Catherine Deneuve dans les premiers films de Rappeneau, une énergie physique très Jean-Pierre Cassel chez Philippe de Broca. Anaïs se fout de tout, comme Anouk Aimée dans Lola. Cette thésarde en Sorbonne parle tout le temps et n’écoute rien. Elle pourrait sortir d’une nouvelle de Paul Morand ou être une héroïne de Valery Larbaud qui aurait grandi. Son petit ami l’a plaquée, à moins que ce ne soit l’inverse, on ne sait pas bien. Là-dessus, ses explications sont un peu floues. Elle a deux mois de loyer en retard et une propriétaire compréhensive. Pour s’en sortir, elle sous-loue à des Coréens et s’installe chez son frère qui garde le lémurien de sa copine auquel il a le tort de donner un Xanax.
L’affaire collective, un documentaire d’Alexander Nanau (1 h 49) – Le 30 octobre 2015, un incendie dans une discothèque de Bucarest fait 27 morts et 150 blessés. Nombre de rescapés décèdent à l’hôpital dans les mois suivants faute de soins appropriés ou victimes de maladies nosocomiales. Des journalistes révèlent un système de santé gangrené par la corruption. Le réalisateur Alexander Nanau suit leurs investigations avant de s’intéresser à Vlad Voiculescu, le nouveau ministre de la Santé nommé pour gérer la crise. Le récit édifiant d’un scandale sanitaire et d’un traumatisme national. A découvrir absolument !