Alan Dershowitz, constitutionnaliste américain, estime au micro de Sonia Mabrouk sur Europe 1 que « la démocratie a été mise à l’épreuve » aux Etats-Unis, à la suite de l’envahissement du Capitole par des manifestants. Il assure que le président Donald Trump n’est pas responsable « du point de vue juridique » de ces évènements. [Interview]
« Insurrection », « scènes honteuses » et historiques : les réactions sont nombreuses au lendemain de l’envahissement du Capitole par des partisans de Donald Trump à Washington, alors que le processus de certification de la victoire à l’élection présidentielle du candidat démocrate Joe Biden était en cours. Un résultat contesté par le président sortant et ses partisans. Sur Europe 1, Alan Dershowitz, avocat américain, spécialiste de la Constitution, défenseur de Donald Trump lors de son procès en destitution mais aussi collaborateur d’Al Gore et de Bill Clinton, estime que « la démocratie a été mise à l’épreuve » aux Etats-Unis, mais explique pourquoi le milliardaire républicain ne peut être tenu responsable juridiquement.
Un Impeachment improbable
« La responsabilité n’est pas engagée du point de vue juridique, car Trump a le droit constitutionnel d’exprimer son opinion. C’est un petit peu comme si on se demandait si un journal était responsable de certaines violences qui ont eu lieu en France après la publication de certaines caricatures », explique cependant l’avocat, défenseur du président sortant lors de la procédure d’Impeachment en début d’année 2020. « Il y a un lien, mais juridiquement le président a le droit d’exprimer ses opinions, qu’elle soit correcte ou non. »
Selon certains médias américains, des ministres du milliardaire républicain ont discuté de la possibilité d’invoquer le 25ème amendement de la Constitution, qui autorise le vice-président et une majorité du cabinet à déclarer le président « inapte » à exercer ses fonctions. Une mesure qui n’aurait aucune chance d’aboutir, selon Alan Dershowitz. « Le 25ème amendement est totalement inapplicable. Il a été élaboré dans le cas d’un président qui était physiquement inconscient ou qui était cliniquement fou. Et donc il serait constitutionnel de tenter d’appliquer cet amendement à la situation du président Trump », assure-t-il.
La démocratie « a passé le test »
« Je pense qu’aujourd’hui, la démocratie a été mise à l’épreuve en Amérique. Et ce, de plusieurs manières. La plus extrême a été l’attaque violente du Capitole, bien sûr. Mais elle a été mise à l’épreuve également par les discours du président Trump et de certains des Sénateurs. Ainsi que par la décision de réseaux sociaux tels que Twitter de censurer le président », analyse l’avocat. En effet, Twitter a supprimé la vidéo de Donald Trump, dans laquelle il demandait à ses partisans de « rentrer chez eux » tout en évoquant une élection « volée », puis a bloqué le compte @realDonaldTrump pour douze heures et l’a menacé de suspension permanente. La vidéo a également été retirée peu après par Facebook qui a jugé qu’elle « contribuait aux risques de violence ». Le réseau social a par la même occasion décidé de bloquer le président américain pendant 24 heures. « Je pense que la solidité de la démocratie a été prouvée aujourd’hui », rassure néanmoins Alan Dershowitz. « Ceux qui se sont livrés à des actes violents, ceux qui voulaient défaire les élections ont perdu au Sénat et à la Chambre des représentants. Au bout du compte, Joe Biden sera notre