À l’occasion de son discours de politique générale, le Premier ministre Michel Barnier a dressé un bilan sans concession des politiques d’immigration et d’intégration en France. Selon lui, ces dernières ne sont plus maîtrisées « de manière satisfaisante ». Il a ainsi évoqué plusieurs pistes pour réformer en profondeur ces enjeux, plaçant la question migratoire au cœur de l’action de son gouvernement.
Michel Barnier a ainsi proposé de conditionner davantage l’octroi de visas à l’obtention de laissez-passer consulaires pour faciliter les expulsions. « Mon gouvernement ne s’interdira pas de conditionner davantage l’octroi de visas à l’obtention de laissez-passer consulaires nécessaires aux reconduites à la frontière », a-t-il déclaré devant les députés, soulignant la nécessité de réviser certains accords bilatéraux « lorsqu’ils ne correspondent plus aux réalités d’aujourd’hui ». Une référence claire à la volonté de son camp de renégocier les accords historiques avec des pays comme l’Algérie.
Depuis la constitution de son équipe, Michel Barnier avait laissé à son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, le soin de porter une ligne dure sur l’immigration. Cependant, le chef du gouvernement a désormais décidé de prendre la parole sur ce dossier sensible, appelant à « sortir l’immigration de l’impasse idéologique où les uns et les autres l’ont mise ». Il a ainsi défendu une approche « lucide et pragmatique » pour affronter ces défis.
La gestion de l’immigration et de l’intégration devient ainsi l’un des cinq chantiers prioritaires de son mandat. « L’immigration est une question que nous devons regarder avec lucidité et affronter avec pragmatisme », a-t-il insisté, précisant que la France n’atteignait plus ses objectifs en matière d’intégration.
De nouvelles réformes envisagées
Dans son discours, Michel Barnier a esquissé quelques pistes de réformes à venir. Il a évoqué la nécessité d’un traitement « plus efficace et en proximité des demandes d’asile », afin de raccourcir les délais de décision pour les demandeurs. Un enjeu décisif dans un contexte où les flux migratoires continuent de provoquer des tensions au sein de la société française.
Le Premier ministre a également mis sur la table la question des obligations de quitter le territoire français (OQTF), une thématique revenue au premier plan après le meurtre récent d’une étudiante à Paris. Il propose ainsi de faciliter la prolongation de la rétention administrative des étrangers en situation irrégulière. Actuellement fixée à 90 jours, cette durée pourrait être prolongée de manière exceptionnelle, une mesure qui risque de raviver le débat sur les droits des étrangers.